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Critique de Unhomosapiens


J'ai découvert Abe Kobo avec « L'homme boîte ». Ce fut un choc. La littérature japonaise est particulièrement riche en incongruités mais, avec Kobo, on est réellement sur autre planète. Même chose avec « la femme des sables ». Je n'en suis pas revenu indemne. C'est la folie qui m'a ensuite guidé vers ce recueil de nouvelles. Je ne me souviens plus de toutes ces pépites, mais la première est restée gravée à jamais dans ma mémoire. La référence à Kafka est sous-jacente à l'oeuvre de Kobo. L'absurde se manifeste par un décalage avec la normalité. Les choses semblent être ce qu'elles devraient être mais on s'aperçoit rapidement que tout fonctionne à l'envers.
Un homme rentre chez lui, dans son appartement. Ou plutôt, il souhaite y rentrer. Mais sa clé n'ouvre plus sa serrure. Il vit seul et revient chez lui comme tous les soirs. Alors il ne comprend pas et va commencer à faire des suppositions. Et puis, il se décide à frapper à la porte, de chez lui. C'est alors qu'un individu lui ouvre et lui répond qu'il ne comprend pas car il est chez lui et il doit y avoir une erreur. Notre homme commence alors à vérifier s'il ne s'est pas pas trompé de numéro d'appartement, d'escalier… Pour se rendre compte, que c'est bien chez lui, mais que toute une famille y vit maintenant, utilise ses objets, dort dans sa chambre… Mais par gentillesse, cette famille va le laisser rentrer chez « eux/lui » et lui faire une petite place dans cet appartement déjà pas très grand pour une personne. C'est cocasse, déjanté et impose au lecteur une vision décalée de la réalité. Toutes les autres nouvelles sont de cet acabit. Je me souviens également de celle où un soldat tombe d'un camion et cherche à retrouver sa route…
Il y a bien longtemps que je n'ai pas lu ces nouvelles, ni rien d'autre de Kobo d'ailleurs. Pourtant, il me semble bien que notre monde fonctionne à l'envers. C'est même la seule façon de le voir. L'antipsychiatrie considérait que c'était la société qui était folle, pas les individus que l'on définissait comme tels. Dans cette mouvance, à Trieste dans les années 70, on avait même fermé tous les hôpitaux psychiatriques. La folie n'est pas là où l'on pense. Abe Kobo nous le démontre.
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