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Critique de RawhideKid


Fist f*****g et pâtes à l'ail.
Pour être tout à fait honnête, s'il y a essais, il n'y a pas vraiment de Fist f*****g. Mais bon, comme c'est une volonté d'un personnage et que c'est souligné par l'usage du gras dès le troisième chapitre, ça marque.
Ce roman de 1000 pages est ce que je lu de meilleur cette année, voire plus. C'est excellemment écrit, pas tant par un style à la Proust ou à la Kawabata, mais par sa construction où des dizaines d'histoires se mêlent ou pas et où chaque personnage (il y a un une table avec les 61 personnages qu'on croise le plus souvent, et il est bien utile car les noms/prénoms japonais se retiennent moins bien que des noms occidentaux pour le lecteur que je suis) a une voix particulière.
Il y a aussi un énorme biais de confirmation en ce qui me concerne: la façon dont sont présentés les êtres humains. C'est pas glorieux, pour utiliser un euphémisme. On est dans une petite ville de province et c'est aussi acerbe que du Chabrol. Tous ont d'énormes ambitions pour un lieu qui ne peut décemment pas les accomplir, mais ce n'est pas grave, ils foncent tous dans le mur avec application. On est aussi du côté des frères Coen avec des film comme Fargo ou Burn after reading pour l'absurdité des ambitions des personnages mais on a aussi le droit à du No Country For Old Men par ses poussées de violence crues et perturbantes. On pourrait dire aussi qu'on y retrouve du Takeshi Miike dans le côté un peu foutraque mais ce dernier manque de la subtilité qui fait le style de Kazushige ABE.
L'attention du lecteur est tout le temps en éveil car on commence par l'historique de la ville de Jinmachi avec l'occupation américaine qui entraîne de la prostitution et semble être le péché originel qui traverse tout le roman. Puis on a l'histoire d'une des familles influentes de la ville, les Tamiya, des boulangers. Oui, une des familles influentes est boulangère. Lorsque je vous disais que les ambitions ne sont pas corrélées à la réalité de la ville, je ne mentais pas. Enfin le roman commence avec un meurtre, et comme dans Twin Peaks, c'est la non résolution de ce meurtre qui permet d'ouvrir sur les autres mystères de la ville et de ses habitants. Il y est question de fantômes*, d'extra-terrestres*, de violences sexuelles/physiques/mentales, d'accidents, de suicides, de disparitions, de catastrophes naturelles, d'une roche mystérieuse et j'en passe. Comme dans Twin Peaks, si la solution du meurtre initial est donnée, le roman et les autres mystères n'ont plus lieu d'être.
Si l'auteur ne prend aucun parti pris par rapport à ses personnages et qu'il n'y a pas réellement de morale, ce n'est pas un livre vidé d'émotions, bien au contraire. Même si la plupart des habitants sont répugnants, pathétiques et/ou repoussants, on reste avec eux malgré ces défauts plutôt importants. Un paradoxe à ajouter aux autres nombreuses qualités du roman.

*réels ou fantasmés, allez savoir...
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