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Critique de Altervorace


Pour expliquer le pourquoi du comment je me suis retrouvée à lire cet ouvrage, il faut que je sois un peu plus impudique que d'habitude. Certains lecteurs fidèles le savent, j'ai trois enfants qui aujourd'hui ont respectivement 6,5 ans, 3,5 ans et 14 mois. Suite à la naissance de ma plus jeune j'ai vécu une légère dépression du past-partum. Je ne parle pas ici de baby-blues qui se limite à quelques jours... mais d'une vraie période sombre. Chaque fois que mon -presque- mari partait au travail, je pleurais pendant une heure. Heureusement après plusieurs semaines, le lien avec le bébé s'est fait au bout de quelques temps et je suis redevenue quelqu'un qui se sent bien dans ses baskets de femme-amante-copine-maman-lectrice-toussatoussa. Cet épisode de mon existence a fait que je m'intéresse beaucoup à ce que peut être la maternité. Et disons le clairement j'ai un aprioris positif sur tout ce qui peut démystifier intelligemment la grossesse et la parentalité. En lisant le mot de l'éditeur d'Un heureux événement, je me sentais donc plutôt enthousiaste, puis je l'ai lu...

Affligeant. Voilà le mot qui m'est tout de suite venu à l'esprit après avoir refermé cet ouvrage. Navrant et affligeant. Toi aussi tu veux réussir la recette de madame Abécassis mais avec un parfum un peu différent ? Tu prends un sujet polémique ou un tabou. Puis tu prends le contre pieds en étant le plus provocateur et caricatural possible. Voilà. Madame Abécassis se prend peut-être pour une femme courageuse en disant que la maternité ce n'est pas le pays des bisounours mais la manière dont elle aborde ce sujet dessert complètement le propos. Effectivement l'héroïne va mal vivre sa grossesse puis la venue de bébé plonge son couple dans une crise terrible. Sauf que l'auteur a choisi un personnage pour qui la maternité semble être d'avance une mauvaise idée. La future mère est une bobo parisienne égocentrique qui choisit de faire un enfant comme il me vint parfois l'envie de manger un big mac : sans réfléchir, comme un caprice. Pour te dire, ami lecteur, voilà le passage où la demoiselle parle de sa décision de faire un bébé :

« Après mûres réflexion, j'ai noté dans mon carnet quatre bonnes raisons de faire un enfant :

Raison 1 : on s'aime.

Raison 2 : on a voyagé dans tous les pays atteignables.

Raison 2 revient à ce que l'on appelle : la Menace de l'Ennui.

Raison 3 : j'ai passé 30 ans, et à l'approche des 40 ans, j'avais peur de veillir. C'est la dernière ligne droite.

Raison 3 revient à : Peur de la Mort.

Résumons. Pourquoi faisons-nous des enfants ?

Par Amour, par Ennui et par Peur de la Mort. Les trois composantes essentielles de la vie. »

A partir de là, je me suis dit que, oui bon ce qui aurait été anormal chez cette petite garce égocentrique c'est de s'accomplir dans la maternité.

Le personnage est donc caricatural : égocentrique, capricieuse, libérée, inconséquente. Elle le dit elle-même : elle croyait que l'amour c'était Belle du seigneur. Mais bien sur, et puis dans la vraie vie, quand on fait le ménage les oiseaux viennent nous aider pendant que les nains sont à la mine. Bref, notre petite bobo déchante donc dès la grossesse en voyant son corps changer. Elle déprime donc tout de suite. Bon je dois dire que la nénette ne sait pas que l'on peut avoir une vie intérieure ou des hobbies parce que la pauvrette explique :

« Depuis plusieurs mois d'ailleurs, je ne faisais qu'attendre. Je restais chez moi, les bras croisés. Je faisais les courses sur Internet. Je mangeais. Je dormais. Je rêvassais en chien de fusil, la main sur le ventre. »

Tu me diras, c'est normal d'intérioriser plus quand on attend son premier enfant. Sauf que cette naissance, elle ne la prépare pas une seconde. Par exemple, les futurs parents décident de faire les achats pour bébé...3 jours avant la date du terme. On sent tout de suite le couple illuminé de maturité, non ? L'accouchement se déroule comme dans une bd des Femmes en blancs : le futur mari s'évanouit devant l'horreur de l'épisiotomie. Pour continuer sur le même thème des parents qui accueillent un enfant les mains dans les poches, ce n'est qu'au retour de la maternité qu'une illumination les frappe : notre studio n'était pas adapté à notre nouvelle vie.

La suite du roman continue sur le même ton. Nous ne sommes pas dans un récit des difficultés que peut engendrer la parentalité. Non, nous sommes dans un discours masturbatoire d'une idiote égocentrique et vaine. Leur couple bat un peu de l'aile ? Retour mode-big-mac, pourquoi essayer de se battre ? Séparons-nous tout de suite. Je connais des gens comme ça, qui rompent à la moindre difficulté, qui pensent que le bonheur doit être immédiat, facile et continue. Ça me donne juste envie de hurler.

Un heureux événement aurait pu être le roman qui brise les tabous, qui nous montre la réalité de milliers de femmes : la maternité n'est pas une garantie de bonheur, c'est un chemin difficile comme tout l'est dans la vie. Résumer ce cheminement parfois douloureux à un personnage qui est seulement défini par son individualisme, c'est navrant et bien pire que ne pas briser les tabous. Je ne vous remercie pas madame Abécassis. Et il va sans dire que je ne vous lirais plus.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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