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Critique de CarlmariaB


Un randonneur pousse un portail: un domaine, un château, une clairière, une naïade, un chasseur et son chien... le randonneur s'éponge le front, vite une eau-de-vie! Au bistrot, un ouvrier agricole raconte : il a assisté à la même cérémonie. Le chien de chasse, bien dressé, n'a pas non plus aboyé ; c'est seulement quand arrive un spectateur que la bacchanale commence. Alors l'ouvrier raconte pire : son histoire et celle d'une bergère. Un cas d'hypodiégèse -récit dans le récit- comme dirait Genette, chère au roman gothique comme aux surréalistes. Léo Barthe, aka Jacques Abeille, adresse ce récit libertin et surréaliste, publié en 2002, à une correspondante, pour la séduire. Ecrire pour celui ou celle qu'on désire, donner le meilleur de soi, les auteurs qui encombrent les présentoirs devraient essayer. Abeille écrit dans une langue qui fait parfois XVIIIème, risquée et poétique, jamais maniérée, ni ridicule. Il évite les jolis mots pour le plaisir de faire beau, appelle un cul un cul et un chat aussi. En quelques lignes les personnages s'animent, mûs par les péripéties de la fable, dans un décor champêtre et, une fois n'est pas coutume, vraisemblable. L'invraisemblable c'est qu'un ouvrier qui apprend à lire et à écrire au milieu de son récit, compose comme Bataille. Mais les effets opèrent, la lectrice se délecte. La pauvre, elle n'a encore rien vu. Il lui réserve des scandales. Chapitre VIII, il va soudain la cabrer :  fini le pipi dans les orties, la bergère s'attache, elle veut devenir femme. L'ouvrier qui aime corrompre sans flétrir trouve ça d'un coup moins grisant. D'autant qu'il travaille pour le père de la bergère. Le vieux lui veut du bien, mais son fusil n'est jamais loin. Imprudente, la bergère fait la fière, enflamme d'autres ouvriers. Lui, joue au bienfaiteur pour mieux l'offenser. Obscène, transgressif, surréaliste, enragé, détraqué ! Dans Histoire de la bergère comme dans Histoire de l'oeil, ils savourent ce qui dégrade et ça tourne mal.
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