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Critique de summerday


J'ai récemment lu le temps des métamorphoses, premier roman de Poppy Adams qui m'a plutôt séduite. Virginia est une vieille femme qui depuis cinquante ans vit recluse dans le manoir victorien de Bulburrow Court où elle a toujours exercé son activité d'entomologiste après avoir hérité de son père la passion des papillons. Leurs collections, bocaux et autres instruments scientifiques occupent la majorité de la maison. Habituée à cette vie solitaire Viriginia ne s'attendait pas au retour de sa petite soeur Vivien, qu'elle n'avait pas vue depuis des décennies. La présence de sa soeur va immédiatemment la plonger dans les souvenirs de leur enfance. La naissance de Vivien en pleine guerre, leur univers façonné par leur père autour des papillons, sa fascination pour sa jeune soeur toujours plus vive et imaginative, et puis le drame de la mort de leur mère et l'accident de sa soeur qui changera leur destin.

Beaucoup de critiques ont prêté à ce roman une atmosphère hitchcockienne. Effectivement, au-delà d'un dénouement final qui justifie tout à fait cette référence, il y a surtout une atmosphère dans l'ensemble du roman qui y renvoie. le récit proposé par Virginia est prodondèment étouffant car on ne sort jamais du manoir victorien qui est un personnage à part entière, parfois presque acteur et coupable de l'histoire. Il est vrai qu'il blessera deux personnes de la famille et en enfermera deux autres dans un enfer psychique. La façon dont tout est constamment ramené à ce lieu si bien décrit et dont la narratrice connaît non seulement tous les recoins, mais aussi chaque bruit, chaque craquement de parquet ou de porte, est fascinant. Bulburrow Court peut souvent apparaître comme un endroit maudit, tellement il prend des airs lugubres ; même s'il semble être aussi un havre de repos. le personnage de Virginia ne fait pas qu'habiter le manoir, elle ne connaît que cela, ce manoir plein de papillons est toute sa vie. Contrairement à sa soeur elle n'en est jamais partie, pour des raisons que l'on découvrira. Son parcours est au final presque plus pathétique et triste que celui de sa soeur alors que l'accident de cette dernière lui présageait (presque fatalement) un destin sombre. Virginia, elle, n'a pas voulu saisir sa chance, recluse dans le monde façonné par leur père Clive.

La description du père d'ailleurs très intéressante. J'ai trouvé ce personnage plus captivant que celui de la mère. Maud, sera emportée par un vice, mais l'obsession de Clive, qui passe le plus souvent pour du génie loufoque est tout sauf sain et est sans doute à l'origine d'une partie de leurs malheurs. Vivien révèle à Virginia des élèments sur leur passé et notamment sur leurs parents, qui lui font comprendre qu'elles ont toujours eu des visions différentes de ce qui se déroulait dans ce manoir, même lorsque Vivien avait quitté la maison.

La fin du roman me laisse un sentiment plus mitigé. C'est un enchaînement logique pour ces deux personnages mais qui peut quand même déranger, même si l'on comprend l'idée de l'auteur. Poppy Adams est assurèment une romancière à suivre. Elle sait décrire un univers très particulier comme l'entomologie et le rendre absolument passionnant, et surtout elle sait raconter les relations ambigües qui relient des personnes parfois si proches et qui ne se comprennent pourtant pas. Il y a notamment des passages excellents sur la relation des deux soeurs, avec leur complicité certaine et en même temps une incompréhension tout aussi évidente. L'arrivée de Vivien dans la vie de Virginia est à ce titre très explicite. Vivien naît au début de la guerre. Maud et Clive rentrent de la maternité et ramènent au même moment d'autres enfants, réfugiés, qui resteront durant tout le conflit au manoir. Lorsque la guerre est terminée les enfants retrouvent leurs familles... et Virginia ne comprend pas pourquoi Vivien reste avec eux. Elle l'avait assimilée aux autres enfants et durant trois années n'avait pas vraiment pris conscience qu'il s'agissait de sa soeur. Cet exemple si significatif est d'autant plus déroutant que quelques chapitres plus loin on découvrira que Virginia a pourtant fait un énorme sacrifice pour sa soeur. Bref des relations complexes, que l'auteur a essayé de définir au mieux.
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