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Critique de Bernardbre


La colère, la révolte plutôt, est là, radicale et sans demi-teinte dès la préface de Nicole Caligaris et Éric Pessan, tous deux écrivains :
«Que la police se voie imposer par le ministère des objectifs à remplir en nombre d'interpellations, que ces objectifs poussent les forces de police à pratiquer des contrôles d'identité ciblés sur certaines nationalités dont l'État d'origine autorise avec largesse les retours contraints, que ces objectifs poussent les forces de police à pratiquer des contrôles sélectifs, selon l'aspect des passants, des contrôles répétitifs dans certains quartiers et non dans d'autres, à pratiquer des interpellations massives que nous nous obstinerons à nommer "rafles", et, pour ce faire, que la police se trouve tentée de piéger la justice en abusant les magistrats afin d'obtenir les autorisations que la loi exige: il y a dix ans, nous n'envisagions pas encore sérieusement de le voir en France.
Qu'en France des étrangers se défenestrent à l'arrivée de la police, que la police se fasse accompagner par les pompiers pour prévenir l'issue tragique de ces paniques, toute cette farce épouvantable, cela non plus nous n'aurions pas pensé le voir».
Treize "binômes" (oh le vilain mot !) d'écrivains français et étrangers ont été constitués pour donner ces «correspondances littéraires sur la conséquence de la politique française d'immigration».
D'expériences en réflexions, de souvenirs personnels en «dialogue Nord-Sud» (Arno Bertina), chacun des auteurs (on ne les citera pas tous, ils sont vingt-six, comme autant de lettres de l'alphabet... français) évoque à sa façon singulière l'étrangeté de l'Autre (le texte d'Éric Pessan est remarquable tandis que Gustave Akakpo écrit : «C'est vrai, sous tous les cieux, l'autre a toujours fait peur» et que Jean-Luc Raharimana voit dans le silence un «outil de répression»), la différence, le français n'étant pas la langue de tous et imposant son poids culturel et historique à ceux qui l'écrivent quand leur langue maternelle est autre (Driss Jaydane). Bien des phrases de ce livre seraient à citer ; on pourra, faute de disposer de la place nécessaire, finir, sinon conclure, sur cette interrogation de Aristide Tarnagda : «Devons-nous continuer à être français, américains, burkinabè, ivoiriens, riches, pauvres, étrangers ?»

Chronique parue dans "Encres de Loire" n° 46 page 39, hiver 2008-2009

Lien : http://www.paysdelaloire.fr/..
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