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Critique de Meps


Meps
16 décembre 2019
La question du voile en France a toujours été problématique pour moi. Je n'ai pas particulièrement envie de défendre systématiquement les porteuse de burkini, burka ou autres versions, car j'ai bien conscience qu'au delà du référent religieux, ce bout de tissu est un moyen de plus pour certains hommes d'assigner une place bien discrète aux femmes. Mais quand l'attaque provient de représentants extrémistes qui ne brandissent que des arguments patriotes et leur drapeau tricolore qu'ils estiment attaqués directement par ces femmes, je n'ai qu'une envie, c'est me ranger derrière elles pour les soutenir.

Je remercie donc fortement l'auteure Faitha Agag-Boudjahlat de m'offrir un positionnement intermédiaire. Ne serait-ce que par son titre ou ce n'est évidemment pas les femmes qu'elle affirme combattre mais bien l'acte de se voiler. Mais également par une reprise des arguments des féministes islamistes (oui apparemment la possibilité existe) en les retournant sans les nier. Elle ne nie jamais que le voilement soit un choix chez la plupart des femmes françaises mais y reste malgré tout opposé. Parce qu'on peut choisir en toute conscience quelque chose qui nous nuit. L'objet du choix peut alors être discuté sans qu'on ne soit traité d'intolérant ou de raciste.

Cela m'a fortement renvoyé à mon travail où j'accompagne les femmes victimes de violence conjugale. Certaines d'entre elle font le choix de retourner chez elle même si leur conjoint violent n'a pas entamé le travail nécessaire pour changer de comportement. Ceci est leur choix et on ne peut pas estimer qu'elles y sont forcé. Et pourtant vous ne me ferez pas admettre que la violence qu'elles subissent est une bonne chose pour elles.

Les termes d'emprise, de choix contraint peuvent également s'appliquer au voile, pour lequel les femmes subissent la pression familiale, sociale, du quartier ou de la nécessité de se montrer une "bonne" musulmane, comme si le port d'un morceau de tissu pouvait suffire à démontrer sa spiritualité.

Ce qui m'empêche d'être pleinement satisfait après cette lecture, c'est le sentiment d'excès que j'ai eu parfois à la lecture de certains passages où l'auteure suppose forcément une entente collective pour assurer la promotion du voile, et même une entente (qu'on ne comprend pas bien si elle est tacite ou effective) entre islamistes extrémistes et bourgeois cherchant à maintenir les populations immigrées dans un marasme facilité par les impératifs de la religion qui les empêche ainsi d'accéder à une réelle insertion professionnelle comme sociale. Alors qu'elle semble dénoncer un certain complotisme dans certains passages, l'auteure n'est pas exempte de généralisations destinées à inquiéter sans toujours de fondement concret.

Il n'en reste pas moins que j'aimerais beaucoup voir Mme Agag-Boudjahlat sur les plateaux télé (où on commence à l'apercevoir) comme contradictrice des prosélytes du voile. Elle aurait à leur opposer des arguments bien plus forts... et en même temps plus humanistes que certains qui ne savent que renvoyer une haine improductive et ne font que renforcer l'envie chez certaines de porter le voile, pour des raisons plus politiques de revendication que religieuses dans ce cas-là.
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