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Critique de kielosa



Le 14 juillet de cette année 2020 la doyenne de la littérature turque, Adalet Agaoglu, nous a quitté. Elle avait 90 ans et pendant de longues années elle a dominé la scène littéraire dans ce pays aux confins de 2 continents.
En France, c'est surtout son oeuvre "Se coucher pour mourir" de 1973 qui a connu un franc succès, bien que ce ne soit pas un ouvrage facile.

Adalet Agaoglu a publié des romans, des pièces de théâtre, de la poésie et des recueils de nouvelles. Comme l'a formulé l'expert des lettres turques, Timour Muhidine, dans une préface sommaire mais instructive, elle a mené "une vie rangée de femme de lettres, une existence entièrement consacrée à l'écriture qui incarne la prise de parole de la première génération d'écrivaines nées avec la République et qui vont à partir de la fin des années 1950, révolutionner l'art de la nouvelle puis la conception du roman".
Timour Muhidine est lui-même l'auteur d'une bio d'une autre grande dame turque Asli Erdogan : "Poète... vos papiers !"

Le présent ouvrage est un recueil de 7 nouvelles paru en 1980 et traduit en Français par Madeleine Zicavo en 2010. Il compte 172 pages.

Résumer des nouvelles n'a pas grand sens, je préfère dire un mot sur leur qualité et leur créatrice. Avec une exception toutefois : la toute dernière nouvelle du recueil "Deux feuilles" a manifestement été inspirée par le film sublime de David Lean, d'après un scénario original de Noël Coward, "Brève Rencontre" ("Brief Encounter") de 1945 avec Celia Johnson et Trevor Howard. Un drame romantique situé dans l'Angleterre de tout de suite après la dernière guerre mondiale, que j'ai vu plusieurs fois et dont je garde un excellent souvenir.

Le charme de l'oeuvre d'Adalet Agaoglu réside justement dans ce mixage savant de réalisme, à savoir le contexte politique et social des récits, avec un fond romantique de nobles sentiments interhumains. Très souvent l'amour bien entendu.

Dans ses descriptions la nature est omniprésente, allant de la beauté d'un simple arbre à l'aspect menaçant d'un pic de montagne dans un coin isolé d'Anatolie. L'auteure mentionne même "le bruit de la pastèque qui pousse".

La langue et le style de cette grande artiste turque sont particulièrement riches et soignés, sans que cela devienne artificiel ou ennuyeux, mais on sent qu'il s'agit d'un travail patiemment élaboré avec clairement comme souci principal la beauté de l'écriture.

Un petit exemple extrait de la nouvelle "Deux feuilles". Un homme et une femme se rencontrent dans le train d'Hanovre à Amsterdam et l'homme est "en émoi" face à la dame qu'il trouve tellement séduisante "avec ses cheveux grisonnants frisottés" et son écharpe bleu de Saxe.
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