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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


La théorie générale de l'oubli qu'aurait pu écrire Ludovica, si elle « avai[t] encore de l'espace, du charbon de bois et des murs disponibles », n'aurait sans doute pas fonctionné en pratique. Démonstration : il y a bien longtemps, Ludo a débarqué de son Portugal natal à Luanda, accompagnant sa soeur Odette, qui venait d'épouser Orlando, un ingénieur angolais. Parce que Ludo, agoraphobe depuis un certain « Accident », peut difficilement se débrouiller seule. En 1975, alors que les remous de l'indépendance agitent l'Angola, Odette et son mari disparaissent subitement. Ludo, terrifiée par les événements extérieurs, s'emmure littéralement dans son appartement au 11ème et dernier étage de son immeuble luxueux, avec son chien Fantôme et un potager de fortune. Elle y (sur)vivra près de trente ans, isolée de tout, oubliée de tous. Croit-elle. Parce qu'à un moment, au cours de ces longues années de guerre civile, il aura suffi d'un pigeon voyageur pour la relier au monde. Un pigeon messager qui atterrit par hasard sur sa terrasse et que, pourtant affamée, elle décide de relâcher vers son destinataire plutôt que d'en faire un repas. Ce geste est au centre d'une chaîne de causes et de conséquences, pas immédiates, pas directes, et dont Ludo ignore tout, mais résolument liées entre elles, et fait intervenir une galerie de personnages bariolés, aux prises avec les heurs et malheurs de l'Angola de l'époque : dans un contexte de guerre froide, le régime communiste soutenu par Cuba est contesté par des factions rebelles appuyées par l'Afrique du Sud ou le Zaïre, pendant que d'autres convoitent les ressources minières et diamantaires ou s'approprient les terres ancestrales des nomades.

Voici une histoire à la fois touchante et rocambolesque, inspirée d'un fait réel (l'auto-réclusion de Ludo), construite à partir de fragments de vie de Ludo et qui se développe autour d'elle en une spirale accolant dans sa danse virtuose des anecdotes qu'on croyait disparates et leurs protagonistes pas si insignifiants et qui tous, proies ou ombres, se partagent une même toile.

Non non, Ludovica et ce joli petit roman ne sauraient sombrer dans une quelconque théorie générale de l'oubli. CQFD.

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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