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Citations sur Le jour aux trousses (23)

Un plus grand espoir

La lune pâlissait.
Ellen essayait de saisir le visage de sa mère. De ses deux bras, elle essayait de saisir ce visage brûlé de larmes sous le chapeau noir. Ce visage qui avait donné au monde chaleur et vérité, ce visage de toujours, ce visage unique. D’un geste implorant, Ellen voulut saisir une fois encore ce premier visage, ce trésor de secrets, mais le visage de sa mère était devenu insaisissable, il s’échappa et devint pâle comme la lune quand blanchit l’aube.
Ellen hurla. Elle rejeta la couverture, essaya de se redresser et saisit le vide. De ses dernières forces elle baissa les barreaux. Elle tomba du lit. Et elle tomba loin.
Personne n’essayait de la retenir. Nulle part une étoile à laquelle s’agripper. Ellen tombait à travers lesbras de toutes ses poupées et de ses ours en peluche. Comme un ballon traverse un cerceau, elle tombait à travers la ronde des enfants dans la cour qui ne voulaient pas la laisser jouer avec eux. Ellen tombait à travers les bras de sa mère.

Le croissant de lune la rattrapa, et, chavirant sournoisement comme tous les berceaux, il la projeta loin de lui. Les nuages n’avaient rien d’un édredon, le ciel n’était pas une voûte bleue. Mensonges, tout cela. Le ciel était béant, mortellement béant, et dans sa chute Ellen comprit que le haut et le bas avaient cessé d’exister. Elles l’ignoraient donc encore, ces pauvres grandes personnes qui appelaient « saut » la chute vers le bas et « vol » la chute vers le haut ? Quand le comprendraient-elles ?
Dans sa chute, Ellen déchira les images du grand livre d’images, le filet des acrobates.
Sa grand-mère la souleva et la remit dans son lit. Brûlants et inexorables comme des courbes de température, la lune et le soleil, les jours et les nuits, montaient puis retombaient.
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Nuit la plus jeune

Car qui devra venir dans la lumière
sinon les rayures de la neige,
épées à la lisière de l’enfance, et contre la forêt
les branches des pommiers,
que la lune a lavé de noir,
les poules, qui sont comptées ?
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Florestan

Maintenant je vais,
mon frère,
te capturer dans les couloirs
et sous la neige te pousser,
Les passages
je vais te les montrer
et les lieux
où brièvement
tu pourras te reposer.
Je veux te chasser
des places claires,
pour que tu t’envoles plus loin
et que tu viennes jusqu’à moi,
notre couronne
vers la nuit.
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Fin de ce qui ne fut pas écrit

Ainsi nul ne saura
de nos atomes cognés l’un contre l’autre
quand nous aurons couru sur le pont,
et de ce qui est resté allongé derrière nous,
ils ne l’apprendront pas :
les faibles signes des noms,
les soleils sans tête.
Les halls d’entrée des hôpitaux
sont silencieux.
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Treize ans

La fête des cabanes est loin,
le brillant des châtaignes,
alignées devant la fenêtre du jardin.
Et encore dans la pièce
la bougie,
les religions du monde. La poussière des déserts sous le pneu du vélo.
Après ce midi
le crépuscule survient plus vite.
Les compagnons
et une tombe verte,
Rajissa.
Le soir nous serons à nouveau là,
nous ne serons plus jamais là.
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Pénurie de servantes

Qui des rochers conserve la trace,
qui borde les herbes,
et nous enferme dans les places
de l’autre côté des rues ?
Ceux qui mangeaient avec la cuillère,
ont emporté avec eux dans leurs souliers
les pierres,
et ils sont partis depuis longtemps.
Qui encore nous aide,
qui laisse maintenant le soleil
dans son jeu léger ?
Sommes-nous d’arbre en arbre
restés tout seuls
ou bien les ombres, les consolatrices, vont bouger,
hors de leurs filets,
pour bientôt se pencher sur nous ?
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Le commencement du lieu

Je n’ai pas confiance en la paix,
ni aux voisins, ni aux buissons de roses,
au mot chuchoté.
J’ai entendu,
qu’ils étendent les peaux au collet,
qu’ils basculent les bancs avant l’hiver,
leurs braillements de joie dégringolent
armés pour le sommeil
au travers des écoles et des églises
encore et encore.
Qui croient encore les oiseaux
qui demeurent,
la fumée par-dessus l’herbe rase ?
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Jour qui passe

Une journée tranquille de Juin
me brise les os,
m’égare,
me jette contre le portail,
me pend aux clous,
qui avec les couleurs
jaune, blanc et argentée,
ne me ratent pas,
avec personne,
laisse donc au loin la casquette des fous,
ma chanson préférée,
m’étrangle
avec ses frais nœuds coulants
tant que je respire encore.
Reste, cher jour.
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Comptine

Le jour, celui où tu es venu
dans la glace sans chaussures
le jour, celui
où les deux veaux
ont été conduits à l’abattoir
Le jour, celui où
je me suis tiré une balle dans l’œil gauche.
Mais plus jamais, ce jour où
dans le journal des bouchers on pouvait lire,
la vie continue,
le jour, où elle a continué.
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Conseil pour le temps présent

Avant tout
tu dois croire
que le jour survient
quand le soleil se lève.
Mais si tu ne le crois pas,
dis oui.
Ensuite,
tu dois croire
et de toutes tes forces,
que la nuit survient,
quand la lune se lève.
Si tu ne le crois pas,
dis oui,
ou approuve en hochant la tête,
cela ils l’acceptent également.
(Zeitlicher Rat, 1978)
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