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Critique de EvlyneLeraut


Polyphonique, superbe, « Soeur (s) » est un entrelac de voix. Matin calme, soir de veillée, l'entre monde en clair-obscur. Ecoutez ce grave qui s'élève, ce qui se murmure sur les lignes diapason. « Soeur (s) » est un parchemin qui se mérite. Passage d'Elle à Lui, Eux, Estelle et Lui, Ambre et Iva etc. Ce récit métaphysique, acide parfois, sillons existentialistes, futuristes, sociétaux, immanences des similitudes intérieures, des identités. « 14. Elle » « J'ai un corps féminin. Mon esprit y habite. Et réciproquement. Il devrait donc être plus aisé pour moi d'entrer en relation avec d'autres femmes, mes soeurs, selon ce que j'ai lu dans les textes qu'on dit féministes… Quelqu'un, ce peut être quelqu'une, mais je sens que le quelqu'un pour qui je suis ici, c'est un IL. » Les fragments sont aimantés, alliages, creusent de leurs mains cet intrinsèque dévorant. Signaux de fraternité détournée, le Vivre-Ensemble bousculé du pied, l'identité glaçante, le délit du regard. Ces textes sublimes sont des leviers, des rencontres gigognes, appel d'air, corne de brume. « 40. Elle et Thérèse » « Des jours que j'erre dans la ville, somnolant dans des buissons, macérant de terreur… Que vont-ils faire de moi s'ils m'attrapent, de quoi Ambra s'est-elle enfuie, savait-elle quelque chose que j'ignore, qu'elle me cachait dans sa douceur ? » La réalité est un choc frontal. Les textes s'emboîtent entre le fictionnel, et le vif d'un plausible à fleur de peau. On aime ces êtres, ce frère double de sa soeur imaginaire et vice versa. Les vérités détournées, écorchées vives, écueils sombres. Ces fragments à triple lecture dont les degrés échappent au conventionnel sont des alertes. Les identités floutées sont des quêtes. Des mains tendues, boussoles en reconnaissance et solidaires. Comme on aime Ambre, Thérèse. Comment se retirer de cette anticipation aux nombreuses nuances, sans faire de bruit, sans prendre pour soi cette couverture de haute littérature. Ces fragments sont l'épars assemblé subrepticement. Les quêtes démultipliées, l'urgence de lecture au garde-à-vous. Tout notre monde fusionne avec « Soeur(s) » Philippe Aigrain est un collecteur de sens et d'existences. Ce patchwork qui claque au vent est notre somme à tous. Il appuie là où ça fait mal. L'épiphanie langagière est notre rivage. Retenir les voix, les ombres, les marches dans la nuit noire. Les trottoirs où la sodalité se serre les coudes. Apprendre à se méfier de ce glacé individualiste. de cette peur intestine de l'autre qui aveugle et stigmatise. « Soeur s) » est un livre empreint d'humanité de délicate attention au prochain, soeur (s) frère (s) gémellaire. Ce livre magnétique, mélange de genre (s) est une référence, un outil pour demain. Publié par les majeures Éditions Publie.net.
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