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Critique de andras


Sur le marché nocturne de Gréoux-les-Bains, un joli village et station thermale des Alpes de Hautes-Provence, j'ai été attiré par un stand décoré de jolis livres d'un format un peu plus petit que celui des livres de poche habituels et dotés d'une couverture au graphisme épuré, qui m'ont immédiatement séduit avant même que je n'engage la conversation avec la personne très souriante qui tenait le stand. Il s'agissait des livres des éditions Parole, maison d'édition régionale située à Artignosc-sur-Verdon, à quelques kilomètres de Gréoux. Je suis reparti avec trois livres sous le bras dont celui-ci, qui m'avait été tout particulièrement recommandé par mon interlocutrice.

Et c'est un véritable coup de coeur. C'est une nouvelle très courte d'à peine 40 pages mais chacune de ces pages contient un trésor. L'histoire se situe dans un village des Alpes de Hautes Provence appelé le Poil, dans la vallée d'Asse. Violette Aihaud nous raconte ce qui s'est passé dans ce village en 1852, alors que les soldats de Napoléon III étaient venus chercher tous les hommes pour les emprisonner ou les déporter à Cayenne ou ailleurs, le village étant suspecté d'avoir pris part aux actes de rébellion qui ont suivi , dans cette région de la Provence, le coup d'état du 2 décembre 1851. Les femmes – au nombre desquelles se trouve la narratrice, qui avait 16 ans en 1851 – se retrouvèrent sans hommes et, pendant deux années, elle attendirent, fantasmèrent, anticipèrent l'arrivée d'un homme qui par sa semence pourrait redonner vie au village et elles se firent un serment. Violette raconte alors comment, un jour, la silhouette d'un homme apparut à ces femmes alors qu'elles faisaient les foins : "Ça vient du fond de la vallée. Bien avant que ça passe le gué de la rivière, que l'ombre tranche, comme un lent clin d'oeil, le brillant de l'eau entre les iscles, nous savons que c'est un homme." La suite est délectable, c'est un pur régal. Cela m'a rappelé le roman du colombien James Cañón, "Dans la ville des veuves intrépides", mais la forme ramassée du récit de Violette Ailhaud le rend encore plus fort à mes yeux. J'ai aussi pensé, par toute la sensualité qui se dégage de ce texte, à Gioconda de Nikos Kokantzis, un livre qui, lui aussi, m'avait enthousiasmé.
Si vous aimez, et plus encore si vous adorez ce livre, sachez qu'il existe aussi chez le même éditeur une version de cette histoire en bande dessinée, qui est vraiment superbe et malicieuse. Je fus vraiment chanceux de passer ce soir là devant le stand des éditions Parole !
Pour plus d'infos : http://www.editions-parole.net
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