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Critique de Alfaric


L'épisode parisien est meilleur que l'épisode marseillais. Pas de mal de défauts ont été gommés, mieux les 100 dernières pages fleurent vraiment bon le roman d'aventure et m'ont réconcilié avec l'auteur au point d'être optimiste pour l'épisode londonien. Mais des lacunes pour moi très gênantes subsistent…

Je n'ai rien contre le plaisir de la ligne droite, bien au contraire, mais il y a encore pas mal de choses précipitées voire même simplistes, et quand en plus c'est raconté avec beaucoup de sérieux cela tombe d'autant plus à plat. Bref, j'ai encore ressenti par moment l'impression de retrouver les déficiences d'un bon vieux téléfilm français…
Exemple : page X, machin est arrêté, condamné et emprisonné, page X+2 on décide de libérer machin, page X+5 machin est libéré, page X+7, les méchants se lancent à la poursuite de machin et ses libérateurs… qui trouvent page X+9 un indice abandonné page X+8 permettant de remonté la piste des fuyards (car oui, en plus les fusils de Tchekov sont nombreux).

La caractérisation est toujours aussi faiblarde : il y a des personnages qui n'ont aucune personnalité, il y a des personnages qui ne vont pas plus loin que la mention de leur nom, il y a des personnages qui peinent à s'éloigner des images d'Epinal… Bref beaucoup de stéréotypes qui parfois n'ont pas plus d'épaisseur qu'une feuille de papier et donc peuvent donner l'impression de ne servir à rien (à commencer par le héros éponyme qui attend plus de 250 pages pour apparaître).
Car oui on cède volontiers aux images d'Epinal : Richard Coeur de Lion est courageux mais coléreux, Jean sans Terre est malin mais lâche, Philippe Auguste est ambitieux mais calculateur, Simon de Montfort est une grosse brutasse fanatique, les Templiers sont belliqueux et cupides, les Cathares sont pacifistes et désintéressés… Et niveau religion c'est presque pire qu'un peplum fondamentaliste avec les gentils chrétiens qui se sont persécutés par les méchants païens ! Au secours la naïveté du truc : ça ne nuit pas au récit, mais parfois j'ai poussé de gros soupirs...
On retrouve également les méchants d'opérette qui déclament leurs machinations dès qu'ils en ont l'occasion, les gentils d'opérette qui déclament leurs déductions dès qu'ils en ont l'occasion, et les romances d'opérette où tout le monde tombe amoureux de tout le monde au premier regard… C'est d'une naïveté confondante voire insupportable.
Exemple : Sanceline qui a juré d'être Parfaite et de rester chaste jusqu'à son dernier jour rougit au possible et ressent d'étranges émois ou premier compliment joliment tourné par Guilhem… Gros soupirs…
Difficile de construire des intrigues fortes avec des personnages sans véritable charisme autour de situations bien souvent archivues. Et ce n'est pas en digressant sur le maillage judiciaire féodal, sur la mille-feuille territorial féodal ou les conflits de juridiction et d'intérêt entre untel et untel qu'on va relever la sauce. Néanmoins on évite les fausse-pistes bidons du tome 1 qui ne servaient à rien, donc le récit gagne en limpidité.
Car après tout, on peut résumer l'ensemble à un partie de cache-cache dans le Paris de Philippe Auguste : Locksley veut retrouver des comploteurs pour laver son honneur, alors que lui-même est recherché par les sbires de Mercadier (pour récupérer le magot de Châlus), ceux sbires du roi de France (qui le prenne pour l'un des comploteurs), et ceux du roi d'Angleterre (qui veulent les comploteurs aboutissent)…

Dans la mesure où les personnages et les situations créés par Sir Walter Scott repris par Jean d'Aillon ont bien plus d'épaisseur que les personnages et les situations créés par Jean d'Aillon, pourquoi ne pas s'être directement dirigé vers le revival Walter Scott ?
Mieux j'encourage les lecteurs à (re)lire les romans historiques romantiques du XIXe siècle car la prose de Jean d'Aillon m'a paru déjà un peu daté. Ce tome date de 2010, et il m'a presque paru moins moderne que "Le Prisonnier de Zenda" d'Anthony Hope qui date de 1898.
Et au risque de polémiquer, je lance un vaste débat : ce n'est pas un hasard si les auteurs d'aventures historiques se sont lancés dans la Fantasy et la Science-fiction dans l'Entre-deux-guerres ! Les littératures de l'imaginaire offre un terrain de jeu d'une infinie liberté aux auteurs qui n'ont plus à se soucier du carcan de l'Histoire sans pour autant l'oublier…
Car j'ai lu des centaines de romans de SFFF bien mieux troussés que celui-ci…

Je déteste cette expression, mais ici on a sans doute affaire à sympathique roman de plage car il se lit à 100 pages à l'heure tellement c'est rythmé, simple et facile d'accès. Je l'ai lu sans déplaisir mais sans plaisir non plus. Peut-être suis-je un peu sévère envers cette série résolument (very) easy readers, mais dans le même créneau j'ai lu tellement mieux et tellement plus intéressant… Néanmoins je comprends qu'il puisse plaire, et qu'il ait plu d'ailleurs, car il constitue une véritable lecture loisir, ici sans doute de pur divertissement, loin des biopics plan-plan et des sagas fleuves qui n'en finissent plus.
Lien : http://www.portesdumultivers..
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