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Critique de annie


annie
11 février 2011
en savoir plus avec wikipédia : Esclavage à Bourbon.

Furcy est le nom donné à un esclave réunionnais qui assigna son maître en justice en 1817 en réclamant son statut juridique d'homme libre. A cette époque les intérêts des planteurs les conduisaient lutter contre cette procédure.

Furcy a une mère Indienne, Madeleine, née en 1759. Elle est conduite en France par une religieuse avant d'être emmenée à La Réunion par une certaine Madame Routier. Celle ci devait la renvoyer jusqu'à Chandernagor, en Inde, ce qu'elle ne fit pas. Sa mère meurt, ainsi que madame Routier. Furcy est alors confié au gendre de cette dernière, Joseph Lory, qui le garde comme esclave. Il devient l'intendant de la maison de ce négociant et propriétaire d'esclave. En 1817, le jeune homme découvre que sa mère avait été affranchie avant son décès et décide de recourir à la justice pour faire valoir sa liberté, une liberté dont jouit sa soeur Constance depuis son propre affranchissement. Il est débouté en première instance, en appel et se pourvoit finalement en cassation.
En 1817, lorsqu'il entame sa démarche en justice, il trouve un certain soutien en la personne du procureur général Louis Gilbert Boucher, né en 1782 et qui mourra en 1841. Pour ses sympathies antiesclavagistes, celui-ci s'attire l'hostilité de Joseph Richemont Desbassyns, le commissaire ordonnateur général de la Réunion.
L'affaire fait grand bruit à Saint-Denis car elle ouvre une brèche qui permettrait la libération de 15 000 individus. Aussi, sous la pression des colons, Gilbert Boucher doit quitter l'île. Son jeune substitut Jacques Sully Brunet est également écarté du dossier. Furcy mourra, après avoir entretenu une correspondance suivie depuis Maurice avec la famille Brunet à La Réunion et Gilbert Boucher lui-même en métropole.
Le 23 décembre 1843, la justice déclare enfin que « Furcy est né en liberté.»1.
L'affaire Furcy n'est pas une affaire isolée : Louis Gilbert Boucher cite dans l'un de ses rapports au ministre de la marine et des colonies une autre affaire un peu antérieure, l'affaire de l'indienne Tola, jugée devant la cour royale de Bourbon, où le même point de droit a déjà été soulevé : dans un contexte où la traite négrière commence à être interdite dans les colonies anglaises (dont l'île Maurice, toute proche, où la famille Lory a des terres), et où les nations signataires du traité de Vienne se sont engagées à abolir l'esclavage, les indiens se prétendent issus d'une nation de libres et refusent le statut d'esclave (cas également connu de Boucher à la Martinique). Gilbert-Boucher s'élève également contre l'usage des lois que font les magistrats au profit des propriétaires d'esclaves et des contournements de son autorité de procureur général, dans un contexte de réforme des juridictions qui peine à s'imposer à l'île Bourbon.

Le nom de Furcy est resté à un îlet de la commune de Saint-Louis situé sur la route menant au cirque de Cilaos.
Par ailleurs, il faut savoir qu'un gros dossier constitué de copies d'époque de documents et de correspondance privée ayant appartenu au procureur Louis Gilbert Boucher à propos de l'affaire Furcy et du conflit interne à l'administration réunionnaise (et non le dossier du procès lui-même) ont fait l'objet d'un achat pour le compte des Archives départementales de la Réunion lors d'une vente publique en mars 2005 à l'Hôtel Drouot.


Lien : http://mazel-annie.blogspot...
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