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Critique de elisecorbani


Après avoir lu plusieurs nouvelles de Tchinguiz Aïtmatov, j'ai passé un plus long moment en sa compagnie avec cette Journée plus longue qu'un siècle. Il s'agit d'un roman assez dense où on retrouve la patte de l'auteur et ses thèmes de prédilection. L'action se déroule dans la steppe kazakhe et se déploie autour des souvenirs de la vie d'un cheminot, ancien combattant de la seconde guerre mondiale, échoué par hasard dans un trou perdu au milieu de nulle part où les trains, envers et contre tout, circulent d'est en ouest.

J'ai été extrêmement, voir excessivement touchée par certains déroulements du récit. Aïtmatov a un talent certain pour transcrire par sa plume le tragique et la douleur de l'existence humaine. Quoique l'action soit décrite principalement du point de vue de son personnage principal, les ressentis des autres personnages, femmes, compagnons et enfants, sont sensibles et décrits avec justesse et intensité. La focalisation se déplace parfois, procédé utilisé régulièrement par l'auteur, vers le point de vue d'un animal qui observe les humains avec curiosité et distance.
Les émotions sont décrites avec beaucoup d'intensité et j'ai dû laisser quelques temps le livre de côté car j'étais bouleversée.

La structure du roman entremêle les temps et les récits sur différents niveaux. Il y a la préoccupation présente du héros, Edigueï, pour lequel il s'agit de célébrer dignement les obsèques du compagnon de toujours, Kazangap. Il y a ses souvenirs les plus intimes qui ressurgissent à l'occasion de ce deuil. Il y a la dimension mythique, légendaire, et mystique de la culture de ces peuples de la steppe, qui nourrit sa vision du monde - et dont il est bien conscient que les jeunes ont perdu le fil. Il y a enfin une étonnante et improbable intrigue de science-fiction géopolitique...

Au final, un magnifique témoignage sur la vie des steppes et les vies ordinaires martyrisées par la machine à broyer de l'histoire, et une méditation sur la modernité et la violence, marquée par son époque (le livre a été publié au début des années 80), qui questionne la responsabilité de l'homme à échelle individuelle et collective. Tchinguiz Aïtmatov est un auteur à redécouvrir!

Enfin, ayant trouvé ce livre dans une boîte à livres (c'est le destin de nombreux auteurs de cette période soviétique apparemment), je partage également la critique notée en fin d'ouvrage par son précédent et probablement premier propriétaire:
- Lu 4ème trimestre 1982
- Bon roman, à construction non monotone
- Fait sentir cette vie de l'URSS asiatique et aussi (mais pas seulement) l'effet sur les gens du fond du pays du stalinisme sur sa fin, puis de la déstalinisation
- On est vraiment plongé dans la vie de ce Kara Ouzbek
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