Le Jour dernier : Confessions d'un Imam

Mon âme avouait à mon corps qu'elle en faisait partie, qu'elle était sa complice, cible de ce dont lui-même était la cible. J'ai compris alors mieux que jamais que mon corps entretenait avec mon âme une alliance d'état et non pas seulement un raccord ou une simple coexistence. Imagine un corps qui a passé chaque instant à se mésestimer et à mésestimer ses plaisirs et ses douleurs, n'osant jamais se trouver seul avec lui-même, lors même qu'il se sert de sa main pour se procurer un plaisir passager. Et imagine une âme qui a traité son corps comme un gueux croisé sur son chemin, ne lui adressant qu'un regard de compassion et de commisération.
Le monde tournoyait autour de moi. Je ressemblais à un ivrogne. Ce qui a aggravé mon étourdissement toutes ces années passées, c'est qu'en vérité il ne tournoyait pas et je n'ai erré, malgré toutes les faces que le monde m'a dévoilées, que sur cette face qui est la même dérobée, elle, derrière mille voiles. Mille voiles dont ne m'est jamais venu à l'esprit d'en toucher un seul