AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Krissie78


2013. Opposante au régime Samira Al-Khalil fuit Damas pour Douma, en Ghouta orientale, région qui deviendra martyre après des mois de siège imposé par les forces gouvernementales. Pendant quelques mois Samira va partager le sort des syriens piégés dans cette bande de terre bombardée quotidiennement, victime de plusieurs attaques chimiques. Jusqu'au jour où elle sera enlevée et ne réapparaîtra plus. Des mois, des années plus tard son mari retrouve des notes, des bribes de journal écrit par Samira en 2013. Il reconstitue tant bien que mal les textes de sa femme et décide de les publier, pour témoigner.

Le livre est composé de 2 parties :
- le journal, non daté, reconstitué par le mari de Samira. Des bribes de textes, parfois juste quelques mots. Des répétitions parfois, comme une ébauche d'articles non terminés. Les fragments de textes ainsi présentés, sont un reflet de la précarité, de l'urgence, de l'insécurité vécue pendant ces mois de siège.
- les posts de sa page Facebook, supprimés après sa disparition. Des textes plus construits qui racontent d'une façon plus structurée ce que laissent entrevoir les fragments de notes du journal.

Il y a tout dans ce journal, dans ces articles : l'écriture spontanée de l'émotion brute, la poésie que Samira arrive à trouver dans cet environnement hostile, la simplicité du vocabulaire d'un quotidien réduit à moins que le strict minimum, les réflexions élaborées d'un esprit philosophe, l'amour d'une femme pour son pays, pour son mari, pour ses ami.e.s, le courage et la peur, la colère et la compassion, les moments d'espoir et ceux où le découragement la guette. Il y a surtout la force d'un esprit combattant, généreux et solidaire.

Samira trouve souvent la force de s'accrocher à des instants d'une vie quotidienne "normale" pour continuer à faire vivre des moments d'humanité dans un monde qui s'effondre. Elle est témoin de la lutte d'une population pour garder son humanité malgré les difficultés. Elle écrit sa colère contre celui qui détruit son peuple et son pays, mais aussi contre le reste du monde qui laisse faire et regarde ailleurs.

Comme le dit son mari dans la préface, on sent que Samira minimise sa souffrance, les difficultés de la vie dans la ville assiégée. Elle parle des difficultés des autres, rarement des siennes. Elle nous a laissé les mots d'un peuple fier, fort, meurtri.

C'était il y a seulement quelques années, pas très loin de l'Europe. C'est une guerre civile qui dure depuis 10 ans, mais qui ne fait plus la une de nos médias occidentaux. Qu'avons-nous fait pour les aider ? Qu'avons-nous appris de nous-même ?

Merci à Babelio et aux Editions iXe pour leur confiance qui m'a permis d'entendre cette parole nécessaire, pour que les mots de Samira nous arrivent et continuent à lui rendre hommage ainsi qu'à toutes les victimes de cette guerre civile qui n'en finit pas.
Commenter  J’apprécie          182



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}