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Critique de Fleitour


Le Grand Meaulnes est le livre qui a bouleversé ma vie d'adolescent, qui m'a projeté dans un étrange univers, que je n'avais pas encore éprouvé, ce nouvel Eldorado, c'est "le domaine sans nom", le féminin.

A 15 ans, je ne côtoyais pas ce monde. Trois frères et une soeur de 24 ans, Je vivais en pension religieuse de garçons depuis mes 8 ans, je pratiquais l'escalade , éternel scout depuis l'age de 6ans …Même pas des religieuses !
Mes perceptions étaient sans doute surannées , les paysages de Ste Agathe sont féminins , oniriques, d'une douceur et d'une beauté singulière. Ce roman respire la féminité la plus extrême "aux traits dessinés avec une finesse presque douloureuse" , la plus sauvage, la plus timide et la plus incompréhensible, comme "un peu de poudre restée sur la joue d'une jeune fille."

Alain Fournier , était-il entouré de femmes , de jeunes filles , d'éclats de rires, de jeux enfantins et de défis superficiels et légers, leurs âmes étaient-elles comme le cristal, fragiles comme un raie de lumière un matin d'hiver.
Le texte d'une grande finesse est aussi habité de sensualité, tous les sens sont en éveil, l'auteur joue de cette ambiance de fête, et de magie, qu'il oppose aux bagarres entre garçons à l'école de Mr Seurel.

Ce livre m'a dégivré le coeur, il me permettra un jour de vivre ce féminin , de percevoir que j'étais un peu rebelle, faussement discipliné, il me montra que l'aventure m'offrirait des émotions et des rêves. Mais surtout, je rêvais alors de rencontrer Yvonne de Galais et surtout Valentine la couturière .
L'une Yvonne, se donne au jeune Meaulnes par amour, l'autre valentine se dérobe à Franz et au Grand Meaulnes par amour.
L'adolescent que j'étais, comme bien des adolescents j'ai choisi la seconde , par bravade , pour tout ce qui oppose l'adolescent au monde des adultes.

Relisant le grand Meaulnes aujourd'hui, je ne retrouve pas la fascination que j'ai senti traverser mon corps à l'age de 15 ans. Je retrouve par contre, de façon plus forte encore cette très belle leçon d'amitié.
Je suis devenu proche du conteur, François , qui on le sent, est un amoureux discret, attentif, qui va aimer dans l'ombre, et ressentir la perte d'Yvonne dans sa chair. La vrai féminité c'est elle , peut être la plus profonde, dans la venue de l'enfant dans sa déchirante plainte sur les blessures à son bébé , le désespoir de n'avoir pas été aimée par le grand Meaulnes.
Une chronique bien personnelle, à la hauteur des impressions, qu'il m'a laissées il y a longtemps, à la hauteur de l'attention que j'accorde aujourd'hui à ma famille, à 7 petites crevettes , à leur jeux et leurs rires à leur espièglerie.
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