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Critique de NovaBaby


Quand on lit le Grand Meaulnes, on est souvent au collège, parfois au lycée. du coup, on a le même âge que les protagonistes. Mais il faut qu'une chose soit acquise maintenant-tout-de-suite : au début du XXe siècle, les ados n'avaient pas du tout la même vie que nous, ni les mêmes centres d'intérêts. Là où je veux en venir, c'est que c'est un livre qu'on apprécie probablement plus à l'âge adulte qu'à l'adolescence.
Pour ma première lecture, j'avais 18 ans, je pense. J'en gardais un souvenir un peu onirique, avec principalement la scène de la fête au château en mémoire. le reste, je l'avais un peu zappé, mais cette recherche perpétuelle de la part du héros de son grand amour - ou plutôt de ce qu'il avait décidé qui serait son grand amour - m'avait marquée. J'avais déjà pleuré toutes les larmes de mon corps un paquet de fois pour le mien de premier amour, donc je l'admirais de ne pas baisser les bras.
Mais revenons au bouquin. le narrateur, ce n'est pas le héros. C'est son meilleur copain. Dans ce livre, l'histoire d'amitié est beaucoup plus belle que dans la plupart des livres que j'ai pu lire. Sauf que, avec le recul, je me rends compte que ce pauvre François, plein d'admiration pour Aurélien Meaulnes, vit un peu par procuration. Il y a des gens comme ça, qui vous éteignent un peu. Leur personnalité est si charismatique, ils sont tellement plein de passion que ce qui leur arrive devient nôtre.
Meaulnes, ce serait un peu l'équivalent du beau gosse ténébreux, mystérieux, plein de charme et de secrets. Son secret le plus fou, il va le partager avec son meilleur ami, et ensemble, ils vont chercher à lui redonner vie. Parce qu'un jour, Meaulnes se perd au fin fond de la cambrousse et arrive par hasard dans un château où une immense fête a lieu. Tout est si vivant, si doux, de la musique aux barques sur l'étang, des sourires des convives à la manière dont il est accueilli comme s'il avait été lui-même attendu qu'il a l'impression d'avoir atteint le paradis sur terre. C'est un peu le Pays des Merveilles d'Alice, sans le côté flippant. Improbable, inattendu, solaire. Et le centre de cette perfection, c'est une jeune femme qui va l'incarner. Évidemment, Meaulnes va immédiatement en tomber amoureux et n'aura de cesse de la retrouver, entraînant avec lui son pote François, persuadé que cette sensation de bonheur ultime ne pourra revenir que si elle est en sa compagnie.
Le récit est plein de nostalgie, mais il est surtout extrêmement triste au final. Parce qu'Aurélien, toujours en quête de plus d'émotions, de passion, d'aventures extraordinaires, ne peut plus se satisfaire du bête quotidien. J'ai vraiment eu l'impression qu'il était figé à jamais dans son adolescence.
François, de son côté, va le soutenir et l'admirer quels que soient ses choix. Amis pour la vie, OK. Mais jamais au grand jamais il ne tapera du poing pour lui dire que là, le Meaulnes, il déconne. Il passera donc un certain temps réparer les dommages que Meaulnes fait subir à son entourage, ou subit lui-même la faute à sa quête de perfection.
J'aimerais m'attarder un poil sur la jeune femme en question (qui s'appelle Yvonne, et c'est probablement son seul défaut). Si je n'en avais pas gardé un souvenir frappant lors de ma première lecture, c'est parce qu'à part la merveilleuse impression qu'elle produit sur Augustin, elle est transparente, la pauvrette. Prête à se sacrifier, certes, mais incroyablement fade en tant que personnage dès qu'elle sort du monde onirique de Meaulnes : raisonnable, compréhensive, aimante et patiente. La tristesse de ce personnage, c'est sa façon de se laisser faire, de "comprendre", de ne pas se plaindre de ceux qu'elle aime (et pour le coup, son frère, un espèce que Peter Pan qui refuse de devenir adulte en tient une bonne couche). Finalement, elle ressemble assez à François : aveuglés par l'amour qu'ils portent à leurs proches, ils leur pardonnent tout... Jusqu'à un certain point.
Ce qui est très beau avec ce livre, c'est aussi le style de l'auteur. Ses descriptions qui vont faire surgir le merveilleux de l'ordinaire, l'émotion qu'il parvient à insuffler à son texte, et la nostalgie qui imprègne chaque page.
Je ne peux que le conseiller, mais c'est sûr que si vous êtes de grands amateurs d'actions épiques, vous risquez de vous ennuyer.
Lien : http://delaplumeauclic.blogs..
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