Citations sur Lettres de pêcheurs, de paysans, de parasites et d'hétaïres (2)
Stemplylochéron à Trapézocaron :
Ô l’heureuse chance ! quelle aubaine ! Mais, de quoi s’agit-il ? diras-tu. Patience ! je vais te raconter mon histoire. Tu n’ignores pas qu’on vient de célébrer ici la fête appelée Couréotis. Invité ce jour-là à égayer un festin, j’avais, en dernier lieu, exécuté une danse échevelée. Les convives buvaient sans se lasser. Ils comptaient prolonger encore leurs ébats, lorsque l’ivresse domina bientôt le banquet. Tout le monde, jusqu’aux esclaves, finit par pencher la tête et succomber au sommeil. Quelle occasion ! Je regardai s’il était possible d’emporter les vases d’argent ; on les avait prudemment retirés avant l’orgie et placés dans un endroit sûr. Je dus me contenter de la nappe. Je la glissai sous mon bras, et je m’enfuis tellement vite, que je perdis une de mes sandales. Tu verras la beauté de l’étoffe. Entièrement tissée de lin d’Égypte et teinte en pourpre d’Hermione, elle est d’une extrême finesse et du plus haut prix. Si j’arrive à la vendre avec sécurité, je te promets un fier régal chez le cabaretier Patécion. Nous avons essuyé ensemble bien des avanies, il est juste que le compagnon de nos malheurs partage la bonne fortune.
Pratinus à Mégalotélès :
Ah ! le fâcheux soldat que nous ont amené, hier soir, les mauvais destins. Dès son arrivée, il ne cessa de nous fatiguer d’histoires sur les décuries, les phalanges, les piques, les boucliers et les catapultes. Il raconta ensuite comment il avait mis les Thraces en déroute et percé leur chef de javelots ; comment, plus tard, il traversa de sa lance le corps d’un Arménien. Il voulut enfin nous dépeindre minutieusement les captives qu’il prétend avoir reçues des généraux, pour prix de ses prouesses. Je lui ai versé alors une énorme coupe de vin, espérant guérir son bavardage. Il l’a bien avalée ainsi que beaucoup d’autres ; mais, il ne s’est pas arrêté. Il cause encore !