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Critique de sandrinetcompagnie67


Ainsi ne tombe pas la nuit
Isabelle Alentour
Editions iXe

Des mots qui se répètent pour créer une mélodie terrible. Les mots sont choc, les mots sont durs. le thème l'est aussi.

Le viol des femmes et le silence de ceux qui font semblant de ne pas savoir et des auteurs affreux qui sont les bourreaux.

J'ai vécu là une expérience livresque unique. Il faut lire ce livre pour comprendre. J'ai été happée par les mots, par le rythme qui m'a coupé le souffle tant c'est dur. Mais moins que la réalité de ce que vivent ces femmes nulle doute.

Les mots semblent martelés sur le papier comme dans la tête de ces femmes qui n'oublieront jamais.

Toutes ces histoires m'ont beaucoup ébranlée mais celle qui m'a le plus touchée est Des écorces frottées au sel. D'une force, d'une crudité mais tellement réaliste, sans aucun doute.

Le sentiment de honte et de culpabilité de ces femmes est si présent et si fort... et si injuste ! Pourquoi sont-ce elles qui éprouvent ces sentiments alors qu'elles sont victimes et qu'on les a tuées, au propre parfois comme au figuré toujours.

Quelle solitude d'être victime. Quel manque de compréhension, d'écoute et d'aide.

Par la parole, la nuit ne tombe jamais ni le silence. Aussi, il faut raconter.

Malgré toute l'horreur de ce qu'Isabelle rapporte, je n'ai jamais lu mots plus beaux qui racontent l'horreur. Merci Isabelle pour ce livre fort que je n'oublierai pas.

À la suite du livre, il m'a fallu regarder le film à la suite duquel Isabelle Alentour a senti le besoin d'écrire.

Vous pourrez le trouver ici https://youtu.be/djqLnSaAR6w
Il s'agit de le cri étouffé de Manon Loizeau.
C'est une plainte. Une plainte étouffée, mais assourdissante. Un cri silencieux dont les soubresauts déchirent les murs des prisons, des sous-sols, des antichambres de la mort. C'est le cri des femmes syriennes violées depuis six ans dans les geôles de Bachar al-Assad. Un crime organisé, réfléchi, car il est fondé sur l'un des tabous les mieux ancrés dans la société traditionnelle syrienne et il joue sur le silence des victimes, convaincues de risquer le rejet par leur propre famille, voire une condamnation à mort. le viol comme arme de guerre en Syrie est aussi le crime le plus tu. C'est un moyen pour détruire non seulement la femme et son identité, mais aussi pour briser sa famille, son clan, et toute forme de résistance. Comment en Syrie le corps de la femme est-il devenu territoire de guerre ? C'est la question que soulève ce film en donnant la parole à des femmes jusque-là emmurées dans la honte et le silence.

“Vous nous filmez, les gens vont regarder et continueront leur chemin.”

Citations

“Leur arrive-t-il de douter, attablés devant leur tasse vide ?
Nomment ils ce qu'ils font ?
Combien de gorgées faut-il pour arriver au mot conscience ? (...)
Ont-ils un jour connu l'amour ?
Nom de Dieu, ont-ils un jour connu l'amour ?”

“Une petite chose pointe son nez.
De la taille d'un crime contre l'humanité.”

“J'ai écouté leurs voix. (...)
Sans blessée je suis devenue chacune d'elles.
J'ai regardé autour.
Je n'ai plus su ce que je voulais toucher.”

“Écrire ne doit pas seulement décrire. Non, cela ne suffit pas. (...)
Ce qui est dit est toujours dit pour dire autre chose.
Ainsi dure l'éternité.
Ainsi vous n'êtes jamais seule.
Ainsi ne tombe pas la nuit.”
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