La poupée cassée

La vie de Iva Nova bascule du tout au tout et on assiste à sa descente en enfer en un rien de temps. Genre d'anti-héros, on se rend compte que la personne qu'elle était avant était suffisante, hautaine, méprisante, prête à tout pour réussir. Désormais, elle est plus bas que terre, depuis que sa porte a claqué et qu'elle est dans l'impossibilité de rentrer dans son appartement qu'elle vient d'acheter. C'est très frustrant, car on est face à l'absurdité de la situation, à quel point le simple fait de rentrer chez elle devient difficile. « La poupée cassée » est un bon titre dans le sens où l'héroïne se fait traîner dans la boue par les circonstances, elle touche vraiment le fond et est confrontée à une vie de galère tout à fait nouvelle. La notion de double est aussi très intéressante. En effet, Iva avait fait appel à une doublure d'elle-même par jeu, mais voici que cette dernière prend sa place. On se rend compte aussi de la pauvreté de son ancienne philosophie de vie, consistant à gommer ses propres sentiments, à se fixer des objectifs et à les atteindre coûte que coûte. Elle n'avait pas d'ami, pas de famille, aucun soutien. C'est un roman fort, sur la Russie contemporaine, nous montrant comment, dans ce pays, le citoyen « ne vaut pas un clou ». Je l'ai lu très rapidement, happée par cette triste et inéluctable chute...