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Critique de Bookycooky


Un livre d'une écrivaine omanaise qui vient de remporter le Man Booker Prize International 2019.
Une histoire sur les femmes, leurs vies, leurs aspirations dans une société gérée par les hommes, la religion et la tradition. Mais l'écrivaine donne aussi la parole aux hommes, qui quand ils n'ont pas de voix, apparaissent comme les méchants, surtout dans ces sociétés patriarcales; or ils n'y sont pas plus heureux que les femmes.
A travers trois générations, et la vie de trois soeurs, l'auteur raconte la vie d'une famille omanaise de notables et cheikhs (personne respectable chez les musulmans), sur fond de l'histoire du pays au siècle dernier et plus particulièrement des années 80 à nos jours. Des restes de l'esclavage ( trafic d'esclaves et d'armes en provenance du Zanzibar était dans le temps leur source de revenues traditionnelles ) à une société un peu plus civilisée, plus humaine.

La femme et la fille soumises, au père, au mari, à la mère,
Le fils soumis au père,
L'homosexualité masculine , partie intégrante de ces sociétés religieuses, où la femme étant taboue, l'homme est plus accessible à l'abus,
L'initiation sexuelle des garçons des familles riches, par le biais de leurs esclaves ou servantes ou selon leurs âges de leurs enfants ( vulgairement appelées “Bas ish-Shaab”, Bus public) , avec comme résultat des bâtards,
Le sentiment de culpabilité imposé à tout sentiment de plaisir.....
Autant de sujets déplaisants qui sillonnent ce récit. Mais le plus déplaisant étant la religion qui gère la vie quotidienne. Une religion dont l'interprétation est laissée aux bons soins d'une poignet de bonhommes plus ignares les uns que les autres, dénués de tout bon sens et conscience ( Les Omanais sont des musulmans Ibadi, une branche relativement tolérante de l'Islam).


Écrit en arabe, la traduction anglaise je suppose n'est pas des plus faciles . Donc difficile de juger la prose assez simple dans la traduction. Quand à la forme, un récit non linéaire, chaque chapitre, un personnage, ses ressentis et son histoire , où le mélange du passé et du présent d'une phrase à l'autre est déroutant. De même, différentes informations concernant le pays jetées pêle-mêle, pour qui ne connaîtrait pas ces contrées. L'arbre généalogique du début du livre aussi n'est pas des plus explicites.
Pourtant j'ai apprécié ce roman pour son côté introspectif qui se passe dans un pays peu ou pas connu dans la Littérature. J'avais acheté le livre bien avant son prix, parce qu'écrit par une omanaise qui vit dans son pays même. Un pays que je connais relativement bien, et qu'à mon avis le plus intéressant de la péninsule arabe, dû à son histoire particulière ancienne et riche, et surtout à son monarque Sultan Qaboos, un homme éclairé, cultivé, idéaliste au pouvoir depuis 1970, l'année où l'esclavage a été totalement aboli à Oman. Un homme qui a beaucoup oeuvré pour son pays et grâce à son intelligence l'a maintenu loin des grands conflits politiques et économiques qui secouent la péninsule arabe depuis quelques décennies, dont précisément le Yémen, son voisin, l'enjeu des grandes puissances.
Ce livre n'a pas été encore traduit en français, mais le sera sûrement prochainement vu le prestigieux prix littéraire qu'il vient de gagner. Je ne peux que conseiller vivement sa lecture aux curieuses et curieux d'autres cultures, d'autres pays.
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