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Critique de FabtheFab


Gabrielle Lacroix travaille chez Mme de Kerdoncuff en Bretagne comme dame de compagnie. Elle est orpheline, ses parents étant décédés dans un accident de tramway. Elle a été adoptée par un puissant industriel de l'armement qui a été embastillé sur lettre de cachet par le roi Louis XX afin que son fleuron industriel, Mathurin et fils, soit confié à la noblesse, notamment la famille de Hervé de Léon. Gabrielle a une éducation parfaite car elle a été élevée au couvent Sainte-Augustine jusqu'à l'emprisonnement de son père adoptif. Trahie, meurtrie, elle vit avec la rage au coeur et elle suit les actualités de Régis Leclerc, le chef des abolitionnistes jusqu'à ce qu'elle soit sélectionnée à la stupéfaction générale à l'émission de téléréalité Noblesse oblige !

Elle se retrouve du jour au lendemain au château de Versailles avec d'autres jeunes femmes comme Solange Lafontaine, Agnès Cresson, Clothilde Thibault, Juliette Renard et elles doivent séduire les jeunes nobles de la Cour afin de parvenir à un mariage idyllique avant la fin de l'émission, sans quoi elles se retrouvent enfermées au couvent. Et dans les prétendants, il y a certes la noblesse royale comme le comte Charles Édouard de Montmorency de Vitré mais aussi Hervé XIX duc de Léon, veuf de Capucine de Léon, décédée brutalement dans un étrange incendie dans un pavillon du château l'année précédente et dont les circonstances de la mort n'ont jamais été vraiment élucidées malgré la propagande royale. Et surtout, Louis Charles Henri, héritier de la Couronne de France, participe cette année à l'émission et il est visiblement sous le charme de Gabrielle…

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Maïwenn Alix est d'origine bretonne, elle est née en 1987 et elle a grandi entre le Nord, la région Centre, la Suède et la Suisse. Ingénieure de formation – elle est diplômée de l'Ecole Centrale de Lille –, elle a ensuite travaillé pour Procter & Gamble pour les rasoirs Gillette à Genève. Elle a alors commencé à écrire le premier tome d'In Real Life. Ce roman ne devait à l'origine pas sortir de son cercle familial : elle l'avait conçu pour sa plus jeune soeur qui avait adoré notamment Hunger Games ou Divergente.

Il s'agit d'une dystopie. Dans le futur, les humains travaillent dans des fermes à recréer des écosystèmes viables et sont tous reliés à un réseau numérique, le Système, qui permet d'élaborer des rêves éveillés dans un monde virtuel. Lani, 17 ans, est enlevée par un groupe de rebelles opposés à cette connexion à grande échelle. Déconditionnée, elle découvre alors des sentiments qui lui étaient inconnus.

Constatant l'enthousiasme de sa soeur et de ses amies, après trente relectures et cinq réécritures, elle a adressé son manuscrit à dix maisons d'édition. Milan a été la première à répondre et la trilogie In Real Life a été publiée entre 2018 et 2020. le premier tome a remporté le prix Utopiales jeunesse 2019.

En 2017, elle suit son compagnon au Maroc puis à Dubaï et au Koweit et elle se consacre pleinement à l'écriture. source : site de l'autrice maiwennalix.com/qui-suis-je/

Elle poursuit son travail d'écriture avec une nouvelle série dystopique, Clones de la nation en 2022 et 2023 chez Mnémos dans la collection Naos, qui remporte aussi le prix Utopiales jeunesse 2023.

En 2045, le monde est dominé par les intelligences artificielles et les clones sont intégrés à des programmes nationaux pour recréer des personnages historiques célèbres. Trois d'entre eux se sont évadés du programme britannique. Marie découvre qu'elle est le clone de Marie Curie mais son père est accusé de clonage illégal. Elle est prête à tout pour l'innocenter. Ses investigations la conduisent sur la piste d'une clinique de fertilité engloutie par les eaux dont les anciens employés ont disparu ou sont morts. La jeune fille découvre une machination qui viserait à améliorer l'espèce humaine.

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Maïwenn Alix nous emmène tout d'abord dans une uchronie épatante en imaginant une monarchie absolue que la Révolution ne serait pas parvenue à abattre. le royaume de France est dirigée par Louis XX et le dauphin Louis XXI attend son heure. Toute la société continue d'être organisée pour le clergé et la noblesse et Maïwenn Alix s'amuse avec tous les noms des familles qui ont marqué l'histoire de France. le peuple est surveillé et bâillonné et la famille royale organise des émissions de téléréalité pour offrir du rêve, aussi bien pour les jeunes hommes appelés à devenir de fiers combattants que les jeunes filles appelés à succomber au prince charmant et fonder une famille.

Le jeu de téléréalité au château de Versailles est amusant, nous retrouvons tous les tropes des séries américaines et notamment La Sélection de Kiera Cass. Les intrigues sont nombreuses pour séduire les téléspectateurs de l'émission dans l'intrigue et in fine les lecteurs de la série, le rythme est vif, la lecture terriblement page-turner et addictive.

Cependant, dans une seconde partie, le roman bascule dans le phénomène du moment en littérature Young Adult, la New romance et les relations sexuelles non consenties et violentes. En effet, le dauphin, Louis XXI, est en fait un être pervers et sadique, qui emprisonne des jeunes femmes pour des viols, des actes sadiques ou sado-masochistes, des mutilations et des meurtres. L'héroïne se retrouve piégée dans son statut favorite puis de fiancée et finalement de reine et Maïwenn Alix la présente comme une héroïne féministe qui va devoir lutter contre une caricature de l'homme blanc, hétérosexuel, machiste et pervers.

Ce roman suscite un enthousiasme certain sur les réseaux sociaux et au sein des communautés de lectrices, il s'agit clairement d'un phénomène éditorial de l'année 2024.

Il nous a néanmoins semblé que ce combat féministe contre la perversité masculine facilitée par l'ubris du pouvoir manquait de mesure et de pondération et toute cette outrance dans les scènes d'orgie, de violences et de viols annihilait la portée prescriptive du roman. Néanmoins, force est de constater que le jeune lectorat féminin partage un avis diamétralement opposé après la lecture de ce roman.

Le dénouement suppose certainement un deuxième tome, plusieurs arcs narratifs n'ayant pas trouvé leur aboutissement.
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