Ce livre est enferré dans l'Ecosse profonde. Il en porte les stigmates et l'histoire pluricentenaire. Il se souvient de ce que fut ce pays, se questionne sur ce qu'il est et ce qu'il sera.
Ça sent le whisky vieilli dans des fûts de chêne.
Vraiment. Ce livre vous envoie là-bas en deux phrases. L'auteur a une force d'évocation maximale : un minimum de mots crée un maximum d'images.
C'est très agréable car ça évite de s'appesantir avec des descriptions interminables. Malgré tout, le récit est planté dans un décor - et ce décor se fait très plaisamment sentir.
Ce roman est une machine à broyer les certitudes.
Tout y est pétri de doutes, jusqu'à la dernière page. le fin mot de l'histoire est insatisfaisant : où est la vérité ? L'histoire de l'assassinat "s'estompera, au fil des années, puisque c'est le destin de chaque événement dramatique, une fois poli par l'usure du temps, de devenir "une légende avec un fond de vérité"."
On n'a jamais le fin mot des événements. Devant le doute, le narrateur renonce. Il accepte de ne pas savoir. Les personnages sont parfois sûrs d'eux... Mais leur certitude finit toujours par s'estomper.
C'est une jolie ode à la présomption d'innocence.
Le romancier exécute à merveille sa partition. Les personnages sont pris dans leurs rets, qui finissent par se faire oeillières. Ils accusent ceux qui sont différents.
Tout le talent du romancier est justement de nous montrer comment ils s'y perdent.
Car l'histoire est plus grande qu'eux. Trouver le coupable pourra redorer le blason de certains, ce qui fait encore croître les oeillères. Certains font carrière d'accuser les autres.
Point de salut pour les velléités personnelles dans ce roman. Les héritiers de cette noble terre doivent porter leur histoire : elle les engloutit. Et se poursuivra, alors même qu'ils retourneront au pub pour noyer leur chagrin.
Car ce récit s'enracine profondément dans l'histoire du pays, notamment de la lutte entre deux clans écossais. Des oeillères de plus pour certains... Mais également la chance de se sentir appartenir à quelque chose.
La cornemuse se fait entendre. Elle résonne tout le long du roman, accompagnée de paroles traditionnelles. Ces paroles closent le roman. Comme pour faire savoir que l'histoire se poursuit, alors même que tous les personnages sont déçus... Pas le choix. C'est plus grand qu'eux
Le style de l'auteur s'adapte très bien à chaque situation.
En bref, j'ai adoré cette lecture. le tout se lit très facilement et ce fut un grand plaisir de tourner ces pages !
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