AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de valleg


Rio de Janeiro -1940. La guerre fait rage en Europe, Paris est tombé aux mains de l‘ennemi. le Brésil affiche une certaine neutralité vis-à-vis du conflit mais subit le régime autoritaire de l'Estado Novo, sympathisant des régimes fascistes européens. Dans la tourmente mondiale, va se livrer ici une autre bataille, en apparence bien futile puisqu'il s'agit de pourvoir à la vacance du fauteuil d'un « immortel » de l'Académie des lettres brésiliennes, et pourtant cette bataille va être porteuse d'une espérance…

Car la place occupée du vivant du poète Antonio Bruno est convoitée ni plus ni moins par le Colonel Agnaldo Sempaio Pereira, chef de la police spéciale de l'Estado Novo, le maître de la censure, un être brutal,arrogant, inculte à l'opposé du délicat poète. Auteur d'un essai sur la conciliation de l'aryanité et de la « brésilianité », et de quelques vers insipides, le colonel Pereira se fait fort d'être élu à l'unanimité, car qui oserait se présenter face à lui ou voter contre lui ?
C'est pourtant le défi que vont se lancer deux vieux académiciens, amis du poète Bruno et républicains dans l'âme. Puisque que le fauteuil vacant semble promis à un militaire, ils en trouveront un autre ; tout aussi inculte et imbus de lui-même que Sempaio, mais républicain ! Et puisque qu'il faut lui rallier les voies de la majorité des immortels en place , ils vont établir une stratégie, créer des alliances, comploter, user de moyens plus ou moins avouables, en un mot livrer bataille !

Le ton léger, propre à la fable annoncée par le sous-titre et à la comédie, cède le pas parfois à une tonalité plus lyrique ou nostalgique quand l'auteur nous livre le portrait d'Antonio Bruno poète humaniste et francophile, célébrant l'amour et les femmes, poète non engagé, jusqu'à la chute de Paris, qui lui fait écrire son unique poème politique « le chant d'amour pour une ville occupée ».

Cette bataille du Petit Trianon c'est celle des valeurs démocratiques contre le totalitarisme, de la résistance intellectuelle contre l'obscurantisme. Une bataille au nom de l'amitié, de l'amour, en hommage à la liberté de pensée du poète Bruno et du monde d'hier qu'il incarne.

Pour reprendre l'expression d'Andman, à qui je dois cette lecture très plaisante, c'est « un roman qui enchantera les vrais démocrates » et comme le dit Jorge Amado une « Fable pour éveiller une espérance ».
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}