AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Hardiviller


" Histoire de ma vie " est la première autobiographie écrite par une algérienne en langue française , et ce , 116 ans après la prise d'Alger - capitale qui , faut-il le signaler en passant , capitule par un texte écrit en langue turque ; moins d'un siècle s'est écoulé depuis la conquête de la Grande Kabylie dont Fadhma Amrouche est originaire , elle-même née onze ans à peine après la dernière grande révolte de 1871 , dans cette région .
Peut-être est-ce même la première autobiographie algérienne en français , de toute notre jeune littérature francophone . Certes Mouloud Feraoun , instituteur Kabyle , en écrivant " le fils du pauvre " , peu après la seconde guerre mondiale , l'a présenté comme un " roman " . il s'abritait derrière cette volonté fictionnelle ; il se voilait presque , peut-être parce qu'il tentait d'avancer surtout au-devant d'un public français .
Fadhma Aït Mansour Amrouche , parvenue à l'âge de 64 ans , veut écrire , elle , la " vérité " de sa propre vie . Elle s'adresse à un seul lecteur potentiel : son fils Jean ( poète , écrivain et journaliste littéraire ) ; elle envisage même que lui , fasse de ce document matière à roman qui serait alors de lui , et non plus d'elle . Comme si cette fille de paysanne ne pouvait prétendre au genre apparemment noble du roman . Son humilité la fait au contraire , en ce mois d'août 1946 à Radés , en Tunisie , presque doublement auteur : par la nature d' " art brut " , dirais-je , de ce riche mémoire , mais également dans le risque d'effacement du texte à peine séché que suggère le don maternel au fils qui pourrait à sa guise le déformer , la maquiller , s'en approprier . Il ne le fera heureusement pas .
Je pars aujourd'hui de ce texte non point pour une approche sociologique car , hélas , depuis sa parution , les commentateurs académiques n'ont considéré ce livre que , disaient-ils , " comme un récit de vie " , lui déniant ainsi sa valeur littéraire et sous-estimant sa nature de texte -phare - phare , au moins , pour nous , écrivaines qui , confrontées au même poids de silence , nous sentons revigorées par la rudesse de ce texte ....
Aissa Djebar .
Commenter  J’apprécie          160



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}