AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les Vaisseaux frères (9)

Je le crois pas, je le laisse dire – qu’est-ce qui reste aux vieux, sinon les oreilles des jeunes ?
Commenter  J’apprécie          170
La bouse sent la rose à côté des excréments humains. Nous régnons sur le monde, mais notre merde sent plus mauvais que celle de n'importe quel animal. Il nous a fallu des cerveaux, des cerveaux puissants, rien que pour trouver le moyen de cacher notre propre puanteur.
Commenter  J’apprécie          50
Il commence à défaire sa ceinture. Je le regarde. Il a une ligne de transpiration au-dessus de la lèvre, et il peine à ôter sa ceinture parce qu’on dirait qu’elle tient toute la moitié supérieure de son corps et que s’il l’enlève, son corps va fondre et dégouliner comme du sirop.
Commenter  J’apprécie          20
Il s’appelait Mo. Il ressemblait à bon nombre d’enfants des rues que j’avais vus vendre des fleurs ou de petits paquets de pop-corn carrés à Dhaka. Ils vous sourient comme si une maison avec air conditionné et train électrique les attendait le soir. Même lorsqu’ils mendient, c’est avec des yeux rieurs, détenteurs d’un secret qu’eux seuls connaissent, à savoir que s’ils pleurent, s’ils ont l’air malheureux ou s’ils montrent quelque chose de leur misère, qui vous serait insupportable, vous partirez sans même leur donner le moindre taka. Mo avait la tête de l’un de ces gamins habitués à se rendre tellement amicaux et indispensables que quiconque leur donnait un peu de nourriture ou d’argent arrivait à la conclusion qu’il était plus simple de continuer à leur en donner plutôt que de se débarrasser d’eux. Je ne savais rien de lui, mais je savais au moins ça : sa gentillesse n’était que de façade, et elle masquait une dizaine d’années de choses terribles que j’ignorerais toujours.
Commenter  J’apprécie          20
Nous avons hésité en haut de ma rue, répugnant à nous séparer et, si je m'étais donné un instant de réflexion, j'aurais peut-être eu l'intuition de ce qui allait suivre : le chagrin que je te causerais, ma quête pour retrouver ma mère, "Grace", la fin et le commencement, l'équipe de haleurs, la découverte de l'amour et le renoncement, et puis le récit que je te fais de notre amour, d'Anwar et de ma mère. Mais je n'ai pas pris le temps, ce moment de clairvoyance m'a passé, et nous nous sommes sommes tout simplement dit au revoir, nous promettant de nous retrouver le lendemain matin.
Commenter  J’apprécie          20
Pourquoi est-ce que je me sens honteux ? C’est une femme, c’est ce qu’elles font, elles en bavent du matin au soir, ça doit leur être égal, ça commence dès qu’elles sont nées. Quand on sait à quoi s’attendre, les choses ne sont pas si terribles.
Commenter  J’apprécie          10
(…) c’est que si tu regardes en bas, tu meurs. Tu as l’impression que le monde a rétréci. Tu appelles Dieu mais personne ne répond. Tu récites le Kalma. Tu vois que Dieu n’est pas là. Tu pisses dans ton froc. Personne ne le voit. Personne ne se soucie de ta petite vie de merde. Les personnes en dessous sont de pauvres taches, tu n’es qu’une pauvre tache. Dieu regarde en bas et ne voit rien d’autre que de minuscules fourmis. Tu suffoques. Tu remues les jambes. Tu hurles. Le bâtiment tangue, il bouge, il te régurgite et te voilà qui gît sur le pavé. Tu es foutu, une crêpe. Un coup de racloir et on t’enlève de là ; ils n’écrivent même pas à ta famille. Des mois plus tard, quelqu’un ira dans ton village et apprendra la nouvelle aux tiens. Et ce sera la fin de ton existence.
Commenter  J’apprécie          10
Un jour ma mère revient du tribunal, se prend la tête dans les mains et se met à crier comme si quelqu’un la battait. Je me tiens un peu à l’écart, je vois ses épaules s’affaisser. Mon père va vers elle, l’entoure de son bras et ils restent assis un long mo­­ment comme ça. Ils m’aperçoivent, nous nous regardons, je reste sur place, sans qu’ils me disent d’entrer ni de m’en aller. J’ai déjà été témoin de cette chose qui circule entre eux comme un courant, sans qu’aucune explication soit nécessaire, et je sais que ma mère se rappelle quelque chose, ou bien qu’elle se le rappelle à travers l’histoire de quelqu’un d’autre, lourde de tout ce qu’elle sait et de tout ce qu’elle a appris récemment, parce que c’est toujours pire que dans son souvenir, et chaque souvenir enlève quelque chose au reste de sa vie, parce qu’elle en est sortie indemne, et que ce qu’elle est – encore entière – est un fardeau pour elle. Elle vit avec un sentiment de culpabilité permanent et passe ses journées à dédommager les autres de la chance qu’elle a eue d’avoir survécu, de s’être mariée, de m’avoir eue. Elle est une économie morale à elle seule, constituée de petites touches de passé.
Commenter  J’apprécie          10
...parce que, vois tu, Elijah,je ne suis plus celle qui a dû accepter en silence que son histoire soit écrite par d'autres; c'est moi le scribe, désormais, celle qui pose son pied sur la pédale de cuivre du piano et , quand bien même tu ne m'aimerais plus jamais, tu resteras toujours celui qui aura oeuvré à ma reconstruction.
Commenter  J’apprécie          00


    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (45) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les Amants de la Littérature

    Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

    Hercule Poirot & Miss Marple
    Pyrame & Thisbé
    Roméo & Juliette
    Sherlock Holmes & John Watson

    10 questions
    5270 lecteurs ont répondu
    Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}