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Critique de aa67


Victor Hugo a certes écrit « L'art c'est le reflet que renvoie l'âme humaine éblouie de la splendeur du beau », mais Jean-Baptiste Andréa aurait pu ajouter « L'art c'est la vie ».

Cet auteur sait se renouveler dans le beau. Cette fois son angle de tir est encore plus aiguisé pour nous emporter vers la beauté et l'amour de l'autre. Dès les premières phrases, le lecteur sent qu'il va côtoyer cette espèce de grâce qui habite ce livre. Les personnages ont tous une profonde humanité. Des plus condamnables aux plus admirables, ils sont tous touchants.
Dès la première partie la vie et les paysages sont en mouvement. On ne peut pas sauter une ligne sans risquer de perdre un élément intéressant de cette aventure. Par moment chaque phrase est en soi une image ; et chaque image un aspect de nos vies humaines.

Plus encore que dans ses précédents romans, Jean-Baptiste Andréa a su prodigieusement maîtriser la narration. Si l'humble lectrice que je suis est habilitée à une observation concernant son écriture, je serais tentée de dire, avec mes mots très simples, que l'écriture d'Andréa s'est comme bonifiée. Je ne sais pas si le terme a du sens, mais son écriture est savoureuse. Tous les sens sont en éveil entre sucré et acidité, entre citronniers, orangers et mimosa. L'atmosphère est palpable.

Dans un premier temps j'ai pensé que c'était parce que j'adorais la sculpture, que je suis une toquée de l'Italie, de son architecture et de ses arts en général, ou encore que ma béatitude devant certains sites religieux me rattrapait. Mais très vite j'ai été autant happée par le dévoilement de l'histoire que par cet environnement amplement magnifié par l'auteur.

Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, n'est pas gâté par la vie. Dès sa naissance en 1904, son physique ne lui annonce rien de merveilleux. Son enfance sera elle aussi rude, puisque très vite son père meurt à la guerre et que sa mère ne voit qu'une solution pour le sauver, et sauver par la même occasion le restant de la famille, le renvoyer en 1914, à dix ans, en Italie. Son oncle a pour mission de l'escorter dans les Abruzzes où il sera confié à un autre lointain oncle, Alberto Zio, qui devra lui apprendre la sculpture et le prendre en associé grâce aux économies faites par la mère de Mimo.
Nous allons ainsi traverser l'histoire du XXe siècle entre guerre contre les allemands (plus précisément les Austro-Hongrois), les débuts du fascisme avec l'arrivée de Lenine à Turin, entre Rome et Florence et quelques affaires italiennes.

A Pietra Alba, lorsqu'il est devenu sculpteur il rencontrera Viola, l'amour de sa vie. Celle-ci est intelligente mais aussi fantasque et surtout issue d'une riche lignée, les Orsini, ce qui va comme de bien entendu compliquer l'avenir de leur amour, leur amitié. Leur romance n'a rien de mièvre mais elle va, au contraire, embellir cet homme et tout ce qu'il touche. Au-delà des méandres de leur vie, de leurs désaccords, ils vont restés inséparables.

Pour nous conter toutes cette histoire qui se passe à l'automne 1986, l'auteur nous fait entrer dans la mémoire de Mimo. Il se trouve aux toutes dernières heures de sa vie dans une pièce d'une abbaye. Une abbaye qu'il n'a plus quitté depuis quatre décennies afin de rester le gardien d'un secret. le Padre Vincenzo et cette sculpture seront eux aussi des personnages à part entière.

Plus subliminal que jamais.

Quelques citations parmi tant d'autres possibles :
« Moi aussi, un jour, j'ai cru que j'avais du talent. J'ai compris depuis qu'on ne peut pas avoir de talent. C'est un nuage de vapeur que tu passes ta vie à essayer de retenir.»
« Sculpter, c'est très simple. C'est juste enlever des couches d'histoires, d'anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu'à atteindre l'histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l'histoire qu'on ne peut plus réduire sans l'endommager. Et c'est là qu'il faut arrêter de frapper. Tu comprends ? »
« Viola était le démiurge de nos vies, les organisait à sa guise, d'un claquement de doigts, ou d'un sourire. » 
Et ma préférée car il faut bien que j'en choisisse une :
« Peut-être parce que j'étais jeune, mes jours étaient beaux. Je ne mesure qu'aujourd'hui ce que la beauté du jour doit à la présence de la nuit. »
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