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Critique de Cancie


En ce jour d'automne 1986, en Italie, un des trente-deux frères qui habitent encore l'abbaye se meurt. Ce n'est pas un mourant comme les autres. Lui, Il Francese, est le seul en ce lieu à ne pas avoir prononcé de voeux, et pourtant on lui a permis de rester pendant quarante ans. « Il est là pour veiller sur elle ». Elle, c'est cette statue qu'il a sculptée, cette Pietà, une oeuvre majeure qui a sidéré et fasciné, celles et ceux qui ont eu le privilège de la contempler.
Luttant contre la mort, il se souvient… C'est ainsi que défile le récit de sa vie, à rebours.
Né en France en 1904, de parents italiens pauvres, Michelangelo Vitaliani dit Mimo est atteint d'achondroplasie, il est de petite taille. Il va découvrir son pays l'Italie, au décès de son père, en octobre 1916, lors de la Première guerre mondiale. En effet, sa mère l'envoie alors en apprentissage dans un petit atelier turinois, chez Zio Alberto, un sculpteur de pierres comme l'était le père de Mimo, mais sans envergure. Fin 1917, Alberto et son apprenti partent s'installer à Pietra d'Alba.
À l'extérieur du village, en lisière de forêt, se dresse la villa du très riche clan des Orsini.
Viola Orsini est la fille de cette famille prestigieuse. Elle est extrêmement intelligente, féministe et ambitieuse. Elle a même trop d'ambition pour se résigner à la place qu'on lui assigne et rêve de voler pour échapper à sa condition féminine.
Le jeune garçon est un nain, certes, mais il est beau et surtout il est un génie précoce qui a le don de comprendre la pierre et de savoir la tailler à merveille.
Ces deux êtres qui n'auraient jamais dû se rencontrer, vont, au premier regard se reconnaître et ne jamais se quitter. Entre la jeune et riche aristocrate et le modeste ouvrier sculpteur va naître une liaison platonique, ils ne pourront ni vivre ensemble, ni rester loin l'un de l'autre.
Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andrea, Prix Goncourt 2023 nous invite à suivre la destinée de ce sculpteur hors-pair dans l'Italie de l'entre-deux-guerres avec la montée du fascisme et l'arrivée au pouvoir de Mussolini. La religion, son poids, ses secrets, son influence dans de nombreux domaines sont présents tout au long du roman.
En parallèle à l'ascension du petit Mimo , Jean-Baptiste Andrea brosse avec talent le portrait parfois presque fantastique d'une femme prête à tout pour conquérir sa liberté. Il n'oublie pas les autres personnages qui sont tous, bien analysés psychologiquement, parfois peut-être de manière un peu caricaturale.
Ce roman d'amour inscrit dans ces années de fureur qu'a connues l'Italie montre bien le fossé qui existait entre les riches aristocrates et leurs journaliers quasiment asservis. Hymne à l'art en général et à la sculpture en particulier, il permet également d'en suivre l'évolution dans cette première moitié de vingtième siècle, sans oublier le cinéma, ce septième art, dont il est aussi question avec la visite du studio mythique Cinecittà, outil de propagande fasciste.
Les descriptions, telles des tableaux de peintre, somptueuses en couleurs, des jardins et de la forêt qui entourent la villa Orsini, du village de Pietra d'Alba avec sa pierre un peu rose, mêlées aux fragrances émanant des orangers, citronniers et bigaradiers m'ont donné l'illusion de me promener au coeur de ces paysages et procuré de belles émotions.
Veiller sur elle est certes un roman d'amour plein de rebondissements, habité par la grâce et la beauté, dont l'intérêt est augmenté par son déroulement dans une période majeure de l'histoire de l'Italie, pourtant je n'ai pas été emportée autant que je l'espérais, le trouvant un peu long et manquant d'éclat, trop foisonnant de thèmes divers.

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