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Critique de dconstanciel


Oeuvre impressionniste, à la manière de Debussy composant La Mer à la même époque : si l'on accepte de jouer de ses sens en lisant la prose de l'auteure, sans être toujours bien certain de comprendre ses intentions, cela vaut le détour. "Ainsi, songeait-elle à présent, l'hébétude qu'elle avait ressentie au début sur la plage ne pouvait avoir qu'une signification, c'était que toute son âme lui avait échappé pour se jeter dans la mer, et son pauvre corps avait dû la regarder s'en aller de plus en plus loin avec chaque vague. Peu importait, cependant, car c'était comme si la grande mer savait tout ce qui avait jamais vécu en Gitta, comme si elle lui rapportait en plus grand ce que Gitta avait ainsi perdu ; comme si lui revenait, parcelle après parcelle, son âme engloutie dans l'infini (etc.)" [page 302]. À travers un segment de vie de deux femmes, la mère et la fille, la confusion qui déborde de toutes parts les lignes raisonnables d'une existence socialement ordonnée est rendue sans souci des convenances. La mère a sciemment sacrifié ses désirs artistiques pour se consacrer à son couple et donner la vie, mais elle accepte de rompre l'union sacrée pour protéger l'essor de son rejeton, poète écrasé par le réalisme de son père médecin. La fille est au bord de la crise de nerfs en réclamant d'épouser l'homme de ses rêves, et l'est encore fort peu de temps après le mariage pour supplier de ne plus avoir à partager son lit. le tout étayé de personnages secondaires très typés, du chien Salomon en guise de touche comique, de l'ombre d'un enfant disparu pour l'aspect dramatique, d'élans poétiques qui ne jurent pas avec l'attrait de l'auteure pour la psychanalyse : "Quand l'homme revenait par vent contraire de nord-est, qui le poussait vers le port, il trouvait son repos dans le travail accompli par sa femme, et, dans cette alternance de l'extérieur et de l'intérieur, l'opposition des sexes s'exprimait avec une évidence massive, comme un processus naturel" (page 270). Bref, beaucoup mieux qu'un ouvrage féministe, une vision féminine des mystérieux flux de la vie.
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