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Critique de Osmanthe


Dans le sud de la France, à la fin des années 70, un éclair bleu illumine soudain le ciel. François, éberlué, est jeté sur la route avec quelques personnes qui se trouvent là, se demandant ce qui est arrivé. Une explosion nucléaire...le déclenchement d'une guerre atomique, ou...un accident à la centrale toute proche ?

Très vite va se mettre en marche une petite machine militaro-civile qui va gérer la situation...

Manipulation des masses, dissimulation de la vérité, dérive autoritaire du pouvoir, incapacité des autorités à faire face à la catastrophe...Ce récit est captivant dans la description de chaque instant de ces personnes à la fois angoissées et inconscientes de la gravité de ce qu'elles vivent. Le propos est rendu crédible parce que les personnages restent toujours dans des préoccupations immédiates et très terre à terre (la vague excitation causée par la proximité d'une femme, les envies d'uriner, les problèmes d'intimité liés à la promiscuité d'un camp...). L'absurdité de la situation et de son traitement par les autorités est bien suggérée, avec même une pincée d'humour par moment, juste pour mieux mettre encore en relief son caractère hautement réaliste.

La vision d'Andrevon, dès 1979, alors que vient de se produire l'accident de Three Miles Island, est assez terrifiante. A cette époque, cet accident a montré les risques du nucléaire civil, mais l'accident tueur massif ou hautement impactant pour l'environnement mondial n'est pas encore arrivé...Du coup, Andrevon axe peut-être davantage son propos sur les travers de nos démocraties, bien vite enclines à restreindre les libertés publiques et désinformer au nom de la sécurité nationale, l'intérêt supérieur de la nation ou d'autres totems de ce genre, que sur les pures problématiques écologiques. En 1979, ses personnages ont encore la hantise du nazisme, de l'univers des camps de concentration, palpable jusqu'au moment d'aller prendre une douche...

La fin ouverte pourrait décevoir à chaud, mais elle traduit aussi l'absence d'issue et une fatalité absolue, un noir sidéral. C'est très pessimiste sur l'humanité.

Mais ce texte garde aujourd'hui une actualité et une puissance d'évocation incroyable à plus d'un titre. Si l'on retient les menaces sur la démocratie, les libertés, la fraternité et l'humanité entre les gens, il offre une idée de ce que peut être la vie dans des camps de réfugiés, désormais multiples dans notre Europe impuissante...
Et si on se recentre sur la sphère du nucléaire, que dire ? Andrevon avait parfaitement vu ce qui s'est finalement passé tant pour Tchernobyl que Fukushima, les mensonges d'Etat éhontés, et le petit discours bien rôdé et quasi-unanime dans notre pays sur l'absence de risque en France...Nous voici complètement rassurés...en croisant les doigts, peut-être ?

Pour moi un des meilleurs textes, écrit dans un style d'une grande finesse, de cette sympathique collection dyschroniques parue au Passager clandestin, qui prend intelligemment le contre-pied du tout fantasy actuel pour revenir à la source de la SF d'anticipation, en nous présentant des textes peu connus du grand public.




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