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Critique de talou61


excellent analyse de la portée et de la signification des armes pendant la révolution française.
Ces articles complètent à point la lecture du Valmy de Jean-Paul Bertaud


Un article très intéressant de Anne de Mathan sur l'analyse du "fédéralisme girondin" : histoire d'un mythe national.
Il démontre que l'intention fédéraliste revient à la contre-révolutionnaire "Gazette Universelle" et au journaliste payé par la cour, Théveneau de Morande qui conçoit durant l'été 1791 cette idéologie afin nuire à l'élection de Brissot à l'Assemblée Législative.
Reprise par les républicains qui divergent quant aux voies de la révolution : pour les uns, l'utilisation des émotions populaires comme levier politique, et pour les autres, la puissance de la Loi produite par la centralisation législative.
Le "fédéralisme" des Girondins, dénoncé par Chabot, Merlin et Maximilien Robespierre, repose sur la transformation du terme, jadis prôné par Billaud comme palliatif de la monarchie.
Le mouvement populaire tourne contre les ministres, les généraux et les députés girondins leur mécontentement lié à la crise économique et aux dangers extérieurs.
De leur côté, les girondins conçoivent de dangereux calculs : leur rapport à la sécurité des élus et à l'utilisation de la violence politique fluctuent au gré de leurs objectifs. Ils manipulent les mêmes armes que les Montagnards (usages politiques de la peur et de la diffamation, recours à l'exception, effacement de la séparation des pouvoirs) : leur silence pendant les massacres de septembre, création du tribunal révolutionnaire, arrestation de Marat…
Toutes ces manœuvres attisent l'insurrection parisienne qui obtient le décret du 2 juin 1793 ordonnance l'arrestation de 29 députés et 2 ministres sans motivation juridique. Pendant que Maximilien Robespierre "protège" plus de 70 députés qui ont protesté contre ces arrestations.
Cette atteinte au régime représentatif provoque une commotion presque nationale (53 départements sur 85 protestent).
Les Montagnards arguent des révoltes départementales pour justifier l'arrestation des Girondins et font du 2 juin une mesure de salut public ; la définition de l'intolérable réside dans l'opposition à la construction du gouvernement révolutionnaire en contexte de guerre civile et extérieure.
Pour les Girondins, le 2 juin est l'origine des révoltes qui contestent le coup de force opéré sans le vœu de la nation. Ils luttent contre une conception jacobine de la représentation nationale où pas seulement dans les résultats électoraux.
Arrêtés, devant rester chez eux, certains députés s'enfuient et rejoignent les mouvements insurrectionnels.

Si le peuple avait le droit constitutionnel d'insurrection, la répression contre les Girondins provoque la mort de 45 députés et justifie la politique du CSP.
Les survivants associent, comme les thermidoriens la terreur à la démocratie.
Le fédéralisme est ainsi figé comme diffamant, au prix de l'exclusion du peuple de la vie politique, du renforcement de l'exécutif et de l'instauration du suffrage censitaire.

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