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Critique de Gwen21


Lorsque mes parents, voulant sans doute favoriser le développement de mon intérêt précoce pour la lecture et l'histoire, me mirent entre les mains le "Roman de Renart", j'avais une dizaine d'années et ni mon père ni ma mère ne s'étaient préparés à ce que fuse de mes lèvres juvéniles la question qui tue : "Papa, Maman, ça veut dire quoi violer ?"

Je me souviens encore de l'embarras provoqué par ma question et je me remémore encore mieux dans quel état d'abattement me plongea la réponse malhabile qui me fut donnée et qui fit naître en moi une réelle répulsion pour le rusé Goupil qui avait "violé" la femme du loup Ysengrin, devenu dès lors son ennemi juré. Du haut de mes trois pommes, je compris soudain que la "ruse" n'était pas seulement une forme de facétie et d'espièglerie sans conséquence mais qu'elle pouvait également servir de sombres desseins et être utilisée dans un contexte violent et/ou malhonnête. J'en fus vraiment choquée, comme on peut l'être à cet âge mais, quelque part, je peux aussi affirmer que ce récit m'a fait mûrir.

Quelques années plus tard, préparant une maîtrise d'histoire médiévale, j'eus l'occasion de me plonger directement dans l'étude d'un manuscrit original, enluminé à souhait. Avec la maturité acquise par mes lectures et mes études, je pus me pencher à nouveau sur ce texte fondateur qui, comme l'avait déjà fait Esope pendant l'Antiquité et comme le fera quelques siècle plus tard Jean de la Fontaine, humanise les animaux pour mieux toucher l'homme par la peinture rocambolesque de sa véritable nature, vertus et vices confondus.

"Le Roman de Renart" est une oeuvre collective à multiples voix. Selon les historiens, près d'une trentaine d'auteurs y aurait collaboré sur plus de 75 ans ! C'est pour dire combien cette oeuvre littéraire peut nous apprendre sur les mœurs médiévales. Malgré un langage quelque peu suranné, la lecture est aisée, il ne faut pas craindre de l'entreprendre. La ruse, fil rouge du récit, n'est pas l'apanage du seul Maître Renart, les auteurs eux-mêmes ne sont pas en reste. Ainsi, je me suis bien amusée en constatant que le secrétaire du roi (invariablement représenté sous les traits d'un lion) était un âne !

A part le lion, il ne faut pas s'attendre à croiser beaucoup d'animaux "exotiques", pratiquement inconnus d'un monde dont les confins méridionaux se situaient en Terre Sainte et les septentrionaux en Scanie.
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