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Critique de kade_read


Avant de recevoir ce roman, je l'avais vu passé dans les sorties annoncées. Il faut bien l'avouer, d'un premier coup d'oeil, ce roman ne m'avait pas parlé. Tout d'abord, à cause de sa couverture (le marketing a malgré tout une place importante dans la vente de romans, il ne faut pas se leurrer) très sommaire et peu attirante. Et ensuite, le résumé : bien qu'il ne soit pas inintéressant, ce n'est pas le type de résumé qui m'appelle à la lecture. Trop basique, trop banal presque … rien qu'avec ce résumé j'ai eu l'impression que tout cela allait manquer de dynamisme et de consistance. Mais comme le dit le proverbe : l'habit ne fait pas le moine. C'est donc avec curiosité et entrain que je l'ai commencé. Malheureusement, mon entrain s'est vite mué en désespoir.
Il faut reconnaître que le postulat de base n'était pas fait pour me convaincre : utiliser une langue si familière à la limite du grossier, très peu pour moi. J'aime lire pour la beauté des textes et la poésie de la langue française. J'estime que c'est une langue si expressive qu'elle nous permet de tout écrire et de faire passer un grand nombre de sentiments. Malheureusement, ici, je n'ai pas été sensible à cette familiarité donnée à cette langue. Et au-delà de ça, elle a créée une sorte de barrière entre le texte et moi.
Une barrière si grande que j'ai vite abandonné cette lecture. Pendant plusieurs jours, j'ai été incapable de dépasser la page 90. J'ai dû me forcer à le reprendre tellement ce début de roman m'avait ennuyé. Et lorsque je l'ai enfin recommencé, j'avais finalement complètement oublié ce que j'avais lu auparavant … Comme si, à l'image d'Odette, j'étais atteinte d'Alzheimer. La raison première à cette perte de mémoire ? Je dirais que ça manque indéniablement de « sentiments ». Je n'ai rien ressenti lors de cette lecture. Ni colère, ni peine, ni frustration, ni compassion… Juste de l'indifférence. J'ai manqué de vrais rebondissements, de vrais enjeux. C'était, à mes yeux, très plat. Mais, il faut bien reconnaitre qu'il y a une réussite : tout tourne autour de l'oubli … Autant pour l'auteure que pour le lecteur. L'auteure parle des oubliés et le lecteur les oublie. le titre est donc particulièrement bien choisi.
Autre fait qui m'a lourdement dérangé : l'obsession d'Abad pour la « baguette ». Pourquoi ? Lorsque le résumé disait : « le coeur plein de ronces, l'amour et le sexe », je ne m'attendais pas à ça. On peut être curieux lorsqu'on est jeune, mais il y a des limites. Un roman qui ferait donc « retomber toutes les baguettes ».
Pour en revenir au résumé, il est question de roman noir, de hip-hop et de soul music. J'ai longuement cherché, mais rien ne m'a rapproché de ces genres-là. Pour faire un roman noir, il ne suffit pas de créer des malheurs à n'en plus finir aux protagonistes. Il ne suffit pas de les faire évoluer dans les rues jonchées de prostituées, non plus. Il faut une atmosphère particulière. Et cette atmosphère est inexistante, de bout en large. Où sont ces sensations d'oppression, d'étouffement, de danger imminent, de chute vertigineuse ? Ce roman est à l'image de l'électrocardiogramme d'un mort : lisse. Et, personnellement, lorsqu'on me parle de hip-hop, je m'attends à un sentiment de colère, de rage presque. Quand on me parle de Soul music, je m'attends à de la beauté, de la souffrance et à une certaine douceur. Mais je n'ai rien eu de tout cela.
Au niveau des personnages, j'ai eu bien du mal à m'attacher à Abad. Je ne l'appréciais, ni ne le détestais … en vérité, je me moquais un peu de son histoire. Je n'avais qu'une hâte : retrouver Ida. Ce qui est fort dommage puisqu'il est le personnage principal. À l'image du roman lui-même, j'ai trouvé Abad très « fade ». L'auteure avait tous les moyens de nous le rendre sympathique (sans qu'il soit obligatoirement un merveilleux et sage jeune homme) et pourtant elle l'a dénué de tout charisme (même nos anti-héros préférés en ont). J'ai adoré Ida. J'ai adoré son personnage, son histoire, sa force, son courage… C'était LE personnage qui, à mon sens, aurait dû être central. Elle avait quelque chose à raconter (autre qu'une histoire de « baguette » …), quelque chose d'intéressant, de prenant.
Seules les histoires d'Ida, du père d'Abad et d'Odette parvenaient à me maintenir en alerte. Elles étaient si prenantes que j'arrivais à oublier ce style d'écriture qui ne me convenait pas. C'était de vraies histoires. Des histoires qui créaient un sentiment chez le lecteur, et même une certaine addiction. Quelle déception de voir qu'elles ont été survolées au profit de celle d'Abad qui ne méritait pas tant de pages. En résumé, je ne pense pas être bon public pour ce roman. de ce fait, je n'ai pas réussi à réellement l'apprécier. Et je dois bien l'avouer, si je n'avais pas pris de notes lors de ma lecture, j'aurais été incapable (à peine trois jours plus tard) de me souvenir de l'histoire d'Abad. Rhapsodie des oubliés sera donc pour moi, un grand oublié de ma bibliothèque.
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