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Critique de Tachan


Après un premier tome très rural, critiquant âprement la misère sexuelle de son héros et sa pauvre vie de célibataire vivant chez ses parents sur le déclin, l'auteur creuse un peu plus le filon de la critique sociale, nous entraînant cette fois dans les mariages arrangés entre Japonais et Philippines.

Dans les mangas, on est habitués aux mariages arrangés, mais d'habitude entre Japonais. Cette fois, c'est la question plus sordide des mariages où un des conjoints achète l'autre à l'étranger dont il est question. Avec la même verbe satirique qu'on lui a connu précédemment Hideki Arai décortique le phénomène et ne nous épargne pas.

Ce tome est donc l'occasion de découvrir l'horreur d'un système bien rodé mais avec un humour grinçant. On suit pas à pas tout le processus qui va conduire Iwao à épouser et ramener sa femme Irène chez lui. C'est rude, c'est sordide, c'est horrible et pourtant il y a toujours quelque chose de drôle pour faire passer la pilule. L'auteur insiste sur le décalage entre les deux cultures : japonaise et philippine, entre les deux héros : le timide Iwao et l'extravertie Irène. Il nous présente dans le détail comment cela se déroule du point de vue d'un Japonais, toutes les étapes où l'homme est aidé par une agence peu scrupuleuse pour rencontrer et choisir sa future femme, les papiers à faire, la rencontre avec la famille, etc. Mais il y a également une vue de la misère de cet archipel, de leurs conditions de vie, de la façon dont est vécu cette nouvelle forme de traite négrière et c'est glaçant !

A la lecture, on se sent emporté par le flux, tout comme le héros. C'est saisissant. L'auteur joue énormément sur l'humour pour cela, mais également sur la langue et la puissance des mots. J'ai beaucoup aimé le travail fait là-dessus et l'évolution conduite par le personnage d'Irène, du début où on ne voit qu'un charabia informe, à la suite où on la voit apprendre bêtement la langue, à la fin où on nous traduit enfin sa langue à elle. C'est hyper impactant et cela participe à ce sentiment que le Japon est quand même un pays bien raciste, qui a du mal à considérer l'autre sur un pied d'égalité. La critique est rude. L'auteur ne nous épargne pas et son héros non plus. Tout le travail qu'il avait fait pour montrer quel pauvre bougre il était est quand même bien contrebalancer par la violence de ce qu'il fait subir à Irène parce que monsieur estime qu'il a le droit de lui imposer son désir. La question de la misère sexuelle est d'ailleurs remise une fois de plus sur le tapis par une nouvelle critique particulièrement rude où l'auteur aborde la méconnaissance des jeunes Japonais, la grande place du porno et ses déviances, ou encore la prostitution. Et on sent que malgré ses traits d'humour, c'est plutôt une dénonciation en règle qu'il fait, ce qui est libératoire pour le lecteur !

Ainsi, partie comme une satirique sociétale tragico-comique sur la vie à la campagne et la misère sexuelle, Irène s'élargit en critique plus vaste sur le racisme des Japonais, leur méconnaissance du sexe et l'exploitation sexuelle. C'est dur, c'est âpre, c'est violent mais que c'est émouvant et bien raconté.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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