Un jour, très tôt dans un escalier que je nettoie marche par marche avant que les enfants n'arrivent, le mari de la concierge, qui aime se planter en contrebas pour me regarder, me lance :
- Avec le cul que tu as, tu pourrais faire bien mieux !
- Vous également dis-je.
Je crois à un chemin qui se trace sous mes pas, à une vie différente, comme une aventure, qui m'appelle et que je connais pas.
- Mais fais attention ne te trompe pas, choisis le bon, parce que tu devras te le coltiner toute ta vie !
- Comment faire ?
- Je ne suis pas un modèle mais prends un homme sérieux, pas un beau parleur, un timide bien propre qui sent la savonnette, pas un crâneur qui chlingue le parfum. Un beau parleur te fera le coup du tourbillon du vent, des fleurs du vide et du malheur.
Quelques âmes sombres suffisent à noircir tout un monde.
Les cheveux ébouriffés, les joues rougies par le vent, ma mère est rentrée dans la maison, le visage paré d'un sourire extatique. Cette moto avait réveillé Maman au bois dormant.
Je dois aux hommes mes heures barbares, et aux animaux mes souvenirs les plus tendres...
En côtoyant des êtres corrompus au plus haut niveau de diverses hiérarchies, j'ai éprouvé le vertige que le seul ordre qui existait était celui que l'on se créait soi-même.
La vie à ses bascules, ses carrefours, ses rues sombres ses chambres minables.
Les ogres ont été des enfants. Les bébés ogres, ça n'existe pas. On est gentil avant d'être méchant.
...je leur explique ce que Gérard et moi faisons tous les samedis soir depuis des mois à la chapelle de Walcourt.
- Dans la chapelle ? s' étrangle ma mère.
- Non ! Dans l'abri en bois sur le parking.
- Doux Jésus, s'écrie Man-Nini. Un garçon qui présente si bien.