Difficile de ne pas voir à travers l'histoire d'Oliva Denaro - l'héroïne du nouveau livre de l'auteure - celle de Franca Viola, la figure emblématique du féminisme en Italie. Comme Oliva, elle est connue pour avoir été la première à avoir le courage de dire non à l'homme qui voulait l'épouser contre sa volonté, en Sicile, dans les années 60. En guise de représailles, ce dernier utilisera la force et l'intimidation contre elle et sa famille, qui fera bloc derrière elle. Un prélude à un combat judiciaire âpre et inédit pour l'époque, dont les répercussions tardives permettront l'abrogation de la loi sur le mariage dit "de réparation" en Italie, en 1981.
Même recette que pour le précédent livre de l'auteure : elle réhabilite un pan de l'histoire de l'Italie trop vite oublié, elle adopte le point de vue d'un(e) enfant pour traiter de la perte de l'innocence, et découpe consciencieusement son récit en 4 parties différentes - la dernière partie étant celle des bilans, qui projette le lecteur quelques décennies plus tard dans la vie des différents personnages, via des raccourcis parfois frustrants.
A sa décharge, ce n'est pas chose facile que de tenter de romancer une histoire vraie, du vivant des protagonistes qui plus est. Elle prend des risques en travaillant dans son roman à combler les trous d'une histoire passée à la postérité. Mais elle veille néanmoins à nous livrer un récit exempt de tout jugement et porté par une écriture plaisante (à quelques tics de langage près). Et nous laisse le soin de décider si les femmes s'avèrent ici victimes de leur genre, des hommes, d'une époque, d'une classe sociale ou d'une éducation.
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