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Critique de Meps


Quand il m'a fallu choisir un recueil de contes, qui puisse à la fois servir de validation à un critère de mes challenges littéraires mais également me servir pour lire ses premières histoires à mon fils, j'ai trouvé que ces contes de Kabylie étaient un bon choix.

D'abord parce que la série s'appelle Aux origines du monde... et que la Kabylie est aux origines d'un des pays (l'Algérie vous l'aurez deviné) qui forme l'identité de mon petit garçon. Et comme il tire son prénom d'un héros de la mythologie grecque et que sa mère porte celui de l'héroïne la plus célèbre de la littérature arabe (dont nous avons lu ensemble beaucoup d'histoires pendant la grossesse), je me disais que les contes kabyles pouvaient venir enrichir ce riche héritage littéraire.

Et ce format permet vraiment une découverte intéressante. Les contes kabyles sont une sorte de mélange de toutes ces origines. Le format du conte multiforme est un peu emprunté aux contes arabes. Le héros peut vivre des aventures très diverses au sein du même conte, il ne semble pas y avoir de chemin logique, et pas toujours forcément de morale non plus. En revanche les personnages qu'on retrouve sont les mêmes que dans nos contes occidentaux : ogres, marâtres, enfants de famille nombreuse délaissés qui finissent vainqueurs. Comme dans les deux cultures, l'histoire est assez violente et on n'épargne pas grand chose aux protagonistes, facilement dévorés ou perdus à jamais. Tout cela forme un assemblage assez baroque qui prête finalement à sourire par son outrance.

Après la partie contes, plusieurs petites "annexes" sont accolées.
Tout d'abord les légendes, tentatives d'explication irrationnelles du rationnel, dans une sorte d'inversion souvent assez loufoque (je vous recommande particulièrement le Pourquoi le chameau a un petit zizi ?, question que je m'avoue ne m'être jamais posée avant ce livre !), une partie spécifiquement dévouée aux Légendes du chacal, qui s'apparente au Roman de Renart moyenâgeux français.
Ensuite des vies de Saints, qui ne font qu'en porter le nom, car c'est leur cruauté qui est surtout mise en avant, là encore dans une sorte de renversement des sens assez troublant.
Enfin, des proverbes, qui révèlent en peu de mots ce qui différencie et ce qui rapproche les peuples, comment chacun essaie à sa manière d'exprimer les mêmes impressions, la même "sagesse" universelle.

Au total, un livre polymorphe qui semble à l'image de ce peuple kabyle, façonné par les différentes invasions mais qui refuse d'abandonner totalement sa culture et sa langue et qui, comme les enfants abandonnés des contes, finira peut-être, qui sait, par triompher.
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