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Critique de Patsales


Ouh, la jolie couverture ! Ça donne envie, non?
La préface est intéressante (j'aime souvent bien les éditions scolaires, c'est carré et didactique, ça me convient bien).
Oui, mais tout se gâte à la lecture de la première pièce. Entièrement dédiée à Cléon, homme politique qu'Aristophane agonit d'injures, elle se lit difficilement. Les allusions qui devaient faire se tordre de rire les Athéniens de l'époque ont du mal à se faire comprendre et le va-et-vient entre texte et notes n'aide pas à se laisser emporter par l'histoire. Exemple: « Il le séduit avec des rognures de cuir. » dit le premier serviteur. « Cléon possédait une tannerie » dit la note. « Ça va être long » pense la lectrice.
Et je ne vous dis même pas comment la lectrice se sent flouée lorsque 3 pages plus loin elle apprend, toujours grâce aux notes, que l'anodine réplique suivante: « Tu feras la noce au Prytanée. » est en réalité une insulte sexuelle que d'aucuns formuleraient plutôt sous la forme « Tu suceras au Prytanée. »
Ce texte est au programme de futurs ingénieurs. On s'imagine quoi? Qu'ils seront plus performants si on leur donne un enseignement purement turel, sans le cul qui devrait précéder? Quelques pages plus loin, je suis tombée sur le mot « inverti ». « Inverti »? Mais QUI peut bien encore utiliser un vocabulaire pareil? Et encore plus loin, je lis « vesser ». « Vesser »??? Je me précipite sur mon dico: « vesser » signifie tout simplement « péter »...
Bref, mon ami Google m'apprend que le traducteur de ce livre imprimé en juillet 2019 est un professeur de grec en poste à Casablanca en 1930. Ah ah. Elle est piquante, sa traduction, à ce malheureux Marc-Jean Alfonsi, qu'on imagine se tordre les mains de désespoir en se demandant comment il allait rendre totalement inodore le texte d'Aristophane. Je ne sais pas s'il faut l'en féliciter, mais il a admirablement rempli la tâche qu'il s'était fixée.
Dionysos merci, même Marc-Jean n'a pu totalement policer la seconde pièce. Les Grecques viennent au secours d'un gouvernement totalement dépassé et décident d'établir une société communiste: chacun mange selon ses besoins et passe ses nuits avec qui il veut. Et puisque les plus vieux/vieilles ont droit eux aussi aux joies du sexe, ils/elles deviennent prioritaires au grand dam des plus jeunes forcés d'honorer tout ce qu'Athènes compte de ridés et d'édentés avant de compter fleurette à qui les intéresse. C'est parfaitement scabreux et hilarant et tout en gloussant on ne peut se défendre de réfléchir aux paradoxes d'une démocratie idéale.
Sinon, j'ai appris depuis que la traduction de référence était celle de la Pléiade. C'est pas donné, tant pis: Duralex sed lex.
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