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Critique de VALENTYNE


Dans son introduction, Antonia Garcia Castro, la traductrice de ce recueil d'articles de Roberto Arlt, donne la définition de"Eaux-Fortes" : Il s'agit au départ de gravures réalisées avec de l'acide nitrique. Ainsi le ton est donné, Roberto Arlt croque sur le vif ses contemporains dans le Buenos Aires des années 1930.
Le propos est légèrement moqueur (mais pas acide) puisque Roberto Arlt décrit sans concession le quotidien de ses voisins et que bien souvent ceux-ci sont, il faut bien le dire, fainéants et indolents.

J'ai particulièrement aimé le soliloque du célibataire, misanthrope misogyne (et qui n'aime pas les enfants non plus , je ne sais pas s'il existe un mot pour cela). Parmi les textes qui m'ont marqué je citerai aussi un excellent texte sur la corruption ambiante où les politiciens en prennent pour leur grade, le dialogue d'un homme et de sa fiancée (ou l'art de rompre en ayant tous les torts mais en retournant la situation pour qu'on ait l'impression que c'est la fiancée qui a tous les torts), l'homme qui ne se marie pas parce qu'il n'a pas d'argent pour s'établir, celui qui se marie et qui vit aux crochets de sa femme...

Roberto Arlt est un ami des mots et de la nuance, il trouve mille façons de décrire la fainéantise : celui qui ne fait rien par choix, celui qui s'installe sur une chaise devant la porte, celui qui fait semblant de travailler, celui qui attend sa retraite toute sa vie.....
Les femmes sont égratignées, elles-aussi, mais beaucoup moins que les hommes : elle sont souvent d'honnêtes repasseuses, travaillant 6 jours sur sept, elles rêvent de gagner au loto. Elles couvent leur progéniture (surtout les garçons) et ces nombreux égards les rendront paresseux à leur tour.

Dans ce Buenos Aires aux aspects de village (ah le passage sur le début des routes pavées qui rappelle, qu'avant, les chemins en ville étaient en terre battue!), on entend toutes sortes de langues qui se mélangent , s'interpellent et se répondent : italien, espagnol, allemand...
Profitant de la douceur des nuits, Roberto Arlt évoque avec dérision et humour les petits travers de ces hommes et femmes, qui rêvent d'une vie meilleure, les conversations entendues au café, le courrier des lecteurs du journal pour lequel il a écrit ses articles .

Enfin dans d'autres articles, Roberto Arlt sait preuve d'autodérision et cela fait bien passer l'ensemble des articles : l'auteur se met dans le même panier que ses contemporains. Pour ma part, j'ai ressenti un peu de moquerie mais aussi beaucoup d'indulgence et de sympathie pour ces petits riens du quotidien.
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