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Critique de soniamanaa


Cette nuit, j'ai rêvé de la Negra. de son pas nonchalant, elle arpentait les dévers vertigineux des pentes pyrénéennes. Derrière elle, son ourson fouaillait malhabilement la terre pour se gaver de larves...
Mon rêve était paisible. le grand fauve et son petit étaient à leur place, faisant corps avec un milieu qu'ils habitaient depuis toujours.
Excusez cette digression onirique qui a pourtant tout à voir avec le roman de Clara Arnaud, écrivaine voyageuse, baroudeuse en terres sauvages et géographe.
Dans son dernier ouvrage, il est question de la "guerre de l'ours" qui agite depuis les années 90 villages et hameaux des montagnes ariégeoises.
Depuis la réintroduction du grand fauve dans ces années là, deux clans s'affrontent. le plantigrade est le fer de lance de querelles n'ayant pas toutes à voir avec lui.
Encore un peu protégée d'une anthropisation galopante, la région a pourtant vu débarquer tout un peuple de néo ruraux. Adeptes de la décroissance, écolos convaincus ou urbains épuisés.
Et puis, voilà l'ours Slovène qui arrive après un siècle de sérénité pastorale...
C'est dans ce contexte haut en verbe que l'auteure arrime ses personnages. Alma, éthologue fascinée par l'ours, et Gaspard, berger reconverti dont c'est encore les premières estives.
Magistrale dans ses descriptions minutieuses et amoureuses de la faune et la flore de la région, l'auteure interroge la place du "sauvage", de ce qui résiste de poésie et de naturel dans les interstices de notre civilisation.
Certes, l'ours prélève chaque année son lot de brebis. Faut-il s'en offusquer ou dire avec Jean, le vieux berger, "qu'il ne s'agit pas d'être pour ou contre les prédateurs. On n'est pas contre l'orage, que je sache?"
La question est centrale. Veut-on une terre expurgée de ses dangers, aseptisée, ou d'une terre qui harmonise la cohabitation dans un ballet mouvant, parfois hostile, de tout un peuple du vivant qui compose un écosystème ?
Les espèces s'éteignent à marche forcée. Les extinctions se comptent par milliers.
Climat, anthropisation, recherche de profits, les causes foisonnent et Noé se ronge les ongles.
Libre à chacun de se forger son opinion armé des connaissances nécessaires. Ce livre y contribue et ancre le débat d'une plume aussi érudite que poétique.
J'ai enlevé une demi étoile en dépit de ce panégyrique sincère, perturbée par la troublante ressemblance de ce roman avec celui de Maylis Adhemar, paru l'année dernière "la grande ourse".
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