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Critique de Pecosa


Dans les rues de Mexico rôde le Bison de la nuit.
Le jeune Gregorio Valdés, diagnostiqué schizophrène, s'est suicidé trois semaines après sa sortie de l'hôpital psychiatrique. Il s'est donné la mort en se tirant une balle dans la tête, laissant son meilleur ami Manuel Aguilera et sa petite amie Tania dans un grand désarroi. A leur désarroi s'ajoute la mauvaise conscience. Car Manuel et Tania avaient une relation clandestine, qu'ils abritaient dans la chambre 803 d'un love motel. Gregorio était-il au courant? Est-ce l'existence de ce trio amoureux qui a précipité son geste? Pendant que parents et amis tentent de faire face au deuil qui les frappe, le fantôme de Gregorio se met à hanter Manuel. Ce dernier qui avait été autrefois la béquille d'un Gregorio étrange et faible, pense à la transformation de son ami, dont la démence et les obsessions ont peu à peu dévoré l'entourage. Derrière l'apparente fragilité du jeune homme, se cachait la volonté insidieuse et rampante d'exercer une emprise dont le solide Manuel faisait les frais: « A son initiative, nous nous étions fait tatouer la silhouette d'un bison américain sur le bras gauche. Gregorio avait exigé que nous soyons tatoués avec les mêmes aiguilles, afin que l'encre se mêle au sang de chacun. Au début je n'avais prêté aucune importante à ce tatouage mais au bout de quelques mois ce bison me devint un symbole de plus en plus intolérable. "
Las d'être marqué dans sa chair, Manuel avait fait effacer le tatouage dans la douleur mais la mort de Gregorio a marqué son âme et il ne sera pas si aisé de l'en faire sortir. Surtout lorsque le mort lui a laissé un cadeau d'adieu et que des mystérieuses lettres lui parviennent « Maintenant, le Bison de la nuit va rêver de toi. »

Guillermo Arriaga nous offre le portrait d'un jeune homme qui n'en finit pas de mourir, emportant dans une folie post-mortem ceux qui lui étaient les plus chers. Il tisse sa toile autour de la présence écrasante d'une personnalité perturbée et nous perd. On pense à Rebecca tourmentant la nouvelle Madame de Winter depuis l'au-delà. Les murs de Manderley deviennent toutes les rues de Mexico DF. On pense aussi à George Weaver obsédé par le fantôme de Jenny Ames dans La fille de nulle part. Arriaga possède une écriture très cinématographique, les rues de la ville défilent sous nos yeux chaque fois que les protagonistes tentent d'échapper à l'ectoplasme qu'est devenu Valdès. Le Bison de la nuit devient peu à peu une métaphore du pays où se mêlent la folie et la mort et où les femmes disparaissent sans que cela ne surprenne personne. Le roman, oppressant à souhait, vaut mieux que son adaptation cinématographique ( El búfalo de la noche de Jorge Hernández Aldana) car une fois la page tournée, le lecteur n'échappe pas non plus au mystère du Bison de la nuit.
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