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Critique de Henri-l-oiseleur


La Collection des Universités de France fait paraître cette année les deux premiers livres de l'Anabase d'Alexandre, en version bilingue grec / français. La moitié du volume est occupée par une introduction à l'auteur, Arrien, à son époque, le temps d'Hadrien et de la renaissance hellénique, et à l'historiographie d'Alexandre le Grand. Ensuite viennent le texte et sa traduction, avec des notes. Il est sage de ne pas s'imaginer qu'on a un accès facile et naturel à la littérature antique. Des préparations, des préfaces, des notices, des notes et des étapes sont nécessaires pour nous faire entrer dans un univers mental fort différent du nôtre.
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Arrien est surtout connu pour avoir couché par écrit l'enseignement du philosophe stoïcien Epictète. Mais on sait moins qu'il fut un haut personnage de l'Empire gréco-romain, un courtisan d'Hadrien et un spécialiste de la chose militaire : l'exercice guerrier va de pair avec la politique et avec la philosophie en ce temps-là. D'où son intérêt pour Alexandre, dont les batailles dans les livres I et II sont soigneusement racontées et analysées à partir de documents littéraires du temps, que nous avons perdus. Si Alexandre veut imiter Achille et laisser un nom dans les mémoires, Arrien, sans se prendre pour Homère, imite Xénophon, qui guerroya en Perse quelques siècles auparavant et écrivit la première Anabase. La culture antique gréco-latine s'appuie sur l'imitation des grands modèles du passé et sur l'émulation.
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Malgré les reproches que lui fait son préfacier et traducteur, Paul Goukowsky, Arrien n'est pas un historien inintéressant. Son sujet, Alexandre, est connu du public moderne par des films, des romans et toute une production héroïque et littéraire (déjà dans l'Antiquité, Alexandre est un dieu, un mythe, un héros de roman autant qu'un personnage historique), mais le lecteur oublie de considérer ce qu'Arrien lui fait voir : les difficultés topographiques, humaines, militaires, de la conquête de l'Asie Mineure et de la Syrie, les relations complexes avec les vaincus ou ceux qui se rendent, et que l'armée laisse derrière soi, et surtout, les manoeuvres navales des Perses, qui, contrairement aux images trop connues, n'ont pas fait que fuir devant les Macédoniens. Donc l'Anabase d'Alexandre n'est pas un roman d'Alexandre de plus, et l'ouvrage ne manque pas d'intérêt, même si, bien sûr, la méthode historique n'est plus la même aujourd'hui.
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