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EAN : 9782251006505
255 pages
Belles lettres / bude (01/03/2022)
4/5   1 notes
Résumé :

Il y aura bientôt un siècle, Pierre Chantraine publia l'Inde, thèse complémentaire d'un Doctorat d'État brillamment soutenu en 1927. L'Inde étant en quelque sorte le Livre VIII de l'Anabase, il convenait d'adopter les mêmes principes d'édition que P. Chantraine, qui tira parti des travaux de Dübner et de Roos. Les temps ont toutefois changé et il est possible soit de visionner via internet d'importants manuscrits comme celui de Vienne ou celui de Paris, soit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La Collection des Universités de France fait paraître cette année les deux premiers livres de l'Anabase d'Alexandre, en version bilingue grec / français. La moitié du volume est occupée par une introduction à l'auteur, Arrien, à son époque, le temps d'Hadrien et de la renaissance hellénique, et à l'historiographie d'Alexandre le Grand. Ensuite viennent le texte et sa traduction, avec des notes. Il est sage de ne pas s'imaginer qu'on a un accès facile et naturel à la littérature antique. Des préparations, des préfaces, des notices, des notes et des étapes sont nécessaires pour nous faire entrer dans un univers mental fort différent du nôtre.
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Arrien est surtout connu pour avoir couché par écrit l'enseignement du philosophe stoïcien Epictète. Mais on sait moins qu'il fut un haut personnage de l'Empire gréco-romain, un courtisan d'Hadrien et un spécialiste de la chose militaire : l'exercice guerrier va de pair avec la politique et avec la philosophie en ce temps-là. D'où son intérêt pour Alexandre, dont les batailles dans les livres I et II sont soigneusement racontées et analysées à partir de documents littéraires du temps, que nous avons perdus. Si Alexandre veut imiter Achille et laisser un nom dans les mémoires, Arrien, sans se prendre pour Homère, imite Xénophon, qui guerroya en Perse quelques siècles auparavant et écrivit la première Anabase. La culture antique gréco-latine s'appuie sur l'imitation des grands modèles du passé et sur l'émulation.
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Malgré les reproches que lui fait son préfacier et traducteur, Paul Goukowsky, Arrien n'est pas un historien inintéressant. Son sujet, Alexandre, est connu du public moderne par des films, des romans et toute une production héroïque et littéraire (déjà dans l'Antiquité, Alexandre est un dieu, un mythe, un héros de roman autant qu'un personnage historique), mais le lecteur oublie de considérer ce qu'Arrien lui fait voir : les difficultés topographiques, humaines, militaires, de la conquête de l'Asie Mineure et de la Syrie, les relations complexes avec les vaincus ou ceux qui se rendent, et que l'armée laisse derrière soi, et surtout, les manoeuvres navales des Perses, qui, contrairement aux images trop connues, n'ont pas fait que fuir devant les Macédoniens. Donc l'Anabase d'Alexandre n'est pas un roman d'Alexandre de plus, et l'ouvrage ne manque pas d'intérêt, même si, bien sûr, la méthode historique n'est plus la même aujourd'hui.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Et à ce qu'on rapporte, Alexandre proclama alors Achille heureux, parce qu'il avait eu la chance d'avoir Homère comme héraut pour transmettre son souvenir à la postérité. Et Alexandre avait pourtant une autre raison tout aussi importante de proclamer Achille heureux : en effet, pour ce qui est d'Alexandre, et cela contraste avec le reste de son heureuse fortune, le sujet ne trouva personne pour le traiter et les exploits d'Alexandre ne furent pas portés à la connaissance de l'humanité comme ils le méritaient. Car ni en prose ni en vers on ne composa rien qui vaille, et Alexandre ne fut même pas chanté dans des poèmes lyriques, comme le furent Hiéron, Gélon, Théron et bien d'autres encore, qui ne ressemblent en rien à Alexandre, si bien que les exploits d'Alexandre sont plus mal connus que les actions les plus insignifiantes de l'ancien temps. [...] C'est la raison pour laquelle, je l'affirme, je me suis moi-même lancé dans l'écriture de ce livre, car je ne me suis pas jugé indigne de faire connaître au monde les exploits d'Alexandre. Qui suis-je pour avoir une telle opinion de moi ? Aucun besoin d'inscrire mon nom ! Il n'est nullement inconnu des gens, pas plus que ne le sont ma patrie, ma nationalité ou les magistratures que j'ai exercées dans ma patrie. Ce que j'écris ici, c'est que cet ouvrage est ma famille, ma patrie et ma carrière publique, et qu'il l'est depuis que j'ai atteint l'âge d'homme. Et qui plus est, je ne me juge pas indigne d'occuper le premier rang dans la pratique de la langue grecque, au même titre qu'Alexandre dans celle des armes.

I-12-2-5, pp. 77-78
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Au cours des dernières décennies du XIX°s, on découvrit de nombreuses inscriptions, généralement très mutilées, témoignant des relations que la chancellerie d'Alexandre entretenait avec de nombreuses cités grecques. S. Dosson souligna à ce propos que "les inscriptions relatives à l'histoire d'Alexandre devaient être très nombreuses dans l'antiquité", mais que, malheureusement, "les biographes anciens d'Alexandre ne leur ont pour la plupart accordé, semble-t-il, qu'une médiocre attention ; ils sont passés à côté des trésors qu'elles leur offraient, sans y toucher et sans les voir." (...) Si Arrien avait consenti à ouvrir les yeux, aussi bien à Athènes qu'en Asie Mineure, il aurait pu déchiffrer nombre de documents originaux, longtemps conservés dans les sanctuaires et recueillis par les épigraphistes des temps modernes. Mais il se borne à reproduire les brèves informations fournies par ses sources, sans chercher à définir la ligne politique du vainqueur, dont le comportement paraît ainsi dicté par l'opportunisme.
Il faut se résigner à admettre qu'Arrien concevait l'enquête historique à la manière de ses contemporains, et que, cinq siècles après les événements, celle-ci était entièrement livresque.

Notice p. 149-150.
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