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Critique de Dup


Eos a 17 ans lorsque ce récit débute. Cela fait plus de dix ans qu'il est élevé par son oncle, depuis que la guerre a tué son père, ses deux frères aînés et que sa mère est morte de chagrin. Oncle qu'il appelle son presque-père, son cousin Lucran et sa cousine Mirénia, sont presque-frère et sa presque-soeur. Cet oncle qui a pris la tête d'une communauté d'une trentaine de membres et est décidé de partir, quitter la ville, trouver un nouvel endroit prometteur et neuf.

Eos nous est alors présenté au cours de cet exode comme un jeune, tantôt rêveur, un brin poète, un futur barde en devenir, tantôt râleur, un brin colérique. Eos qui est amoureux de Liara, tout comme Lucran. Mais Liara ne peut trancher, elle les aime tous les deux. Et c'est à trois qu'ils vont s'installer lorsque la communauté va enfin poser ses valises en un lieu récemment baptisé le Val-de-la-lune.
« Affections gênées et gênes dans l'affection exprimée. Univers ambigu et décousu de coeurs bourrus. Pourtant, en dépit de cela, en ces six mois, le trio amoureux a réussi à s'imposer dans le paysage embryonnaire du Val.
Lucran, Eos, Liara, tels des innocences troublantes au grand jour pas toujours clair.
Liara, Lucran, Eos, comme des turbulences dans des vies à refaire. Fragilités perçues, fragilités vécues. »

L'installation et la création de ce nouveau village prendra deux bonnes années. Deux années de durs labeurs dûment répartis afin de préserver l'égalité des habitants. Tout cela se passera sans heurts tant chacun est accaparé par une succession de tâches, même si le trio aux moeurs libertines choque et fait jaser sous cape. Mais sous cape uniquement parce qu'Eos a changé. Il a dévoilé sa face sombre et s'est avéré un redoutable guerrier, archer hors pair et tueur sans peur lorsque des événements l'ont forcé à défendre sa vie.

Au terme de ces deux années, alors que la communauté commence à récolter le fruit de son travail, une très belle récolte de blé, ils sont brusquement attaqués par des monstres à la peau verte : des ouraorcs. Juste la nuit où Eos n'était pas là, parti seul chevaucher au loin pour évacuer une colère quelconque. Pillage, saccage faisant des blessés, des morts mais aussi des enlèvements. À partir de là tout s'accélère. Eos prend la tête des opérations de représailles et s'avère autant sinon plus barbare. Toutes les peaux-vertes seront éliminées sauf une...

Il va leur falloir retourner à la civilisation, quémander aide et protection et aussi vendre leur production afin de reconstruire à nouveau. Ils vont alors se retrouver bien malgré eux au centre d'un complot de grande envergure mêlant politiques et religieux. Un conflit qui les dépasse tous et le lecteur aussi ! Seul Eos semble suivre un tracé, marchant involontairement son destin. Mais aussi bien Eos, les autres membres de son clan que le lecteur manquent cruellement de clés pour interpréter, comprendre ce qui se passe dans cet univers tourmenté. Sans doute que celles-ci viendront au tome suivant.

Ne pas comprendre ne m'a pas gêné tant j'étais sous le charme de la plume de l'auteur. Une plume capable d'une incroyable poésie.
« Puis l'hiver doucement s'en va. Et la marche de la collectivité à eux de nouveau impose son pas. »
Une plume capable de me faire accepter, adhérer à une situation qui pourtant m'avait profondément choquée au départ.
«Acceptation d'une émotion. Éveil d'une autre, toute pareille, chez l'autre-sien. Danse digitale d'une peau à l'autre, danse à trois mains, danse à six mains, choeur de trois coeurs. Puis lentes ondulations de trois corps qui se cherchent, se perdent, s'oublient, se fondent. Danse serpentine que tout emporte, que tout absorbe, que tout sublime. Danse qui gémit, danse qui soupire, danse qui sourit. Danse qui reprend, surprend, répand. Serpentines amours dans l'air aux chaudes senteurs, dans les corps aux chaudes humeurs. »
Une plume à laquelle j'avoue être devenue accro même si elle a transformé notre barde de l'hiver en barde de l'hideux, suivant le mantra d'une sombre déité qui nous est asséné bien souvent : "Infamie, Douleur, Défaite, Soumission, Ruine, Extinction."

Une chronique un peu longue soit, mais j'avais besoin de défendre ce coup de coeur pas comme les autres. Un coup de coeur basé uniquement sur la plume et l'univers découvert ici. Même si l'intrigue reste bien floue, même si au terme de ce premier tome j'ai bien plus de questions que de réponses. En revanche l'attente de la suite est intense, immense, impatiente.
Lien : http://bookenstock.blogspot...
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