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Critique de pencrannais


Cinq nouvelles d'Isaac Asimov écrites dans les années 1940. Soit au début de sa carrière d'écrivain et de scientifique. L'auteur est un grand spécialiste de la nouvelle. Comme tous ses confrères de ce que l'on nomme l'âge d'or de la SF, les nouvelles sont alors le vecteur privilégié du genre beaucoup plus que les romans. D'ailleurs les romans les plus célèbres d'Isaac Asimov, le cycle de Fondation, sont composés en vérité de nouvelles mises bout à bout pour former la trilogie originelle.
Ce recueil est très inégal mais très intéressant. Sur les cinq nouvelles, une (les propriétés endochroniques de la thiomoline resublimée) est illisible et incompréhensible, sauf si vous avez un niveau bac+100 en chimie. Passons. Une autre est gentille et intéressante mais un peu longue à lire (la course de la reine Rouge), sorte d'enquête policière SF, dont Asimov deviendra un peu le spécialiste.
Le recueil est surtout à retenir pour les trois autres. « Aucun rapport » est un joli conte de ce que pourrait être notre monde dans des millions d'années, suite à une guerre nucléaire qui aurait détruit l'humanité (Asimov écrit à la fin des années 40). D'autres espèces animales ont évolués vers la civilisation, mais ont conservés des traits inhérents à leurs espèces. L'Amérique peuplé d'Ours civilisés est restitués avec charme et humour et avec toujours une enquête scientifique à la clé. La forme de la nouvelle évite la lassitude. A lire.
La nouvelle Cul de sac est une curiosité sur la forme et sur le fond. Sur le fond, elle raconte le seul exemple de civilisation extra-terrestre présente dans le grand super cycle (Robots - Empire – Fondation). A l'époque de l'Empire, que s'est-il passé lors de ce contact et qu'est devenue cette civilisation ? Dans la forme, une sorte de suite de rapports de fonctionnaires impériaux présents sur place, au début un peu déconcertante, mais la Asimov touch fonctionne ensuite et nous surprend encore une fois.
La nouvelle la plus réussie reste celle qui donne son nom au recueil, la mère des mondes. Elle préfigure ce qui sera, presque dix ans plus tard, le cycle d'Elijah Bailey qui débutera avec les cavernes d'acier. Une sorte de préquel, écrite à l'avance. Asimov décrit cette Terre humiliée par les mondes spatiens peuplés de descendants de colons terriens adeptes de robots et qui refusent maintenant l'immigration terrienne. Cette intrigue géopolitique est à savourer après avoir lu les cavernes d'acier. Alors tout n'est pas raccord et Asimov n'a pas placé cette nouvelle dans le canon du cycle des robots, mais elle devrait y figurer, bien plus que certaines nouvelles d'un défilé de robots, par exemple.
Le plus intéressant de tout le recueil, toutefois, ce ne sont pas les nouvelles elles-mêmes, mais bien les commentaires que fait Asimov à la fin de chacun d'elles. On y découvre sa vie, ses motivations, à la fin des années 1940, de son incorporation dans l'armée à son doctorat. On sent déjà l'énorme égo de l'auteur, mais aussi son humour et sa distance par rapport à son oeuvre. Rien que pour ça, ce recueil est à recommander aux amateurs de l'immense auteur, l'un des « fondateurs » de la SF moderne.
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