Sur les murs, une imagerie macabre se déploie, des affiches de vieux films d'horreur et des posters de groupes de métal aux looks extravagants, saisis dans des postures agressives. Crânes grimaçants et tueurs masqués, goules putréfiées, démons sardoniques, cuir, clous et chaînes. Une guitare électrique repose contre le lit, branchée à un petit ampli enseveli sous une pile de comics aux couvertures outrancières. Son cadeau de Noël d'il y a deux ans. Sa mère avait dénigré l'idée, arguant que Luc n'avait aucun goût pour la musique, que je projetais sur lui mes propres frustrations de musicien déçu. Elle prédisait qu'au bout de trois mois à peine, l'instrument finirait par prendre la poussière dans un placard. Quelle emmerdeuse ! Deux ans plus tard, la guitare trône toujours au pied du lit, prête à hurler des notes tonitruantes.
Guillaume Biéron : J'étais son dieu
A midi moins le quart, n'attendant rien d'important, j'ai renoncé à descendre prendre mon courrier. A ce moment-là, j'ai entendu Bantillet ouvrir sa porte et descendre. J'étais sûr qu'il allait voir si le facteur était passé et j'ai bien remarqué qu'il n'avait pas refermé sa porte derrière lui ! Ce qui est logique puisqu'il ne s'absentait que le temps de descendre et de remonter les trois étages.
Mon Dieu ! Pourquoi n'a-t-il pas fermé cette satanée porte ? Une irrésistible impulsion me saisit : j'allais profiter de son appartement resté ouvert pour y jeter un coup d’œil ! Maudite curiosité ! Sans réfléchir, je sortis de chez moi, traversai le pallier et m'engouffrai dans l'appartement de Bantillet.
Alain Delbe : la vérité sur Alexis Chandhor