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Critique de Acerola13


Lionel Astruc nous propose une critique au vitriol de la fondation Gates dont la réputation philanthropique serait largement volée : loin de vouloir minimiser tout ce que peut apporter la fondation, l'auteur met en lumière le caractère tout à fait intéressé des causes soutenues, contrairement à ce que clament ses dirigeants...

Petit tour d'horizon : Lionel Astruc nous rappelle tout d'abord les prémices de Microsoft et la mentalité de ses fondateurs obsédée par le monopole et la monétisation au moyen des brevets, bien loin de la mentalité open source des pionniers de la tech. On apprend par la suite que les grands bénéficiaires de la fondation sont surtout des entreprises, et que la plupart des autres partenaires, par peur de voir fondre leurs dotations, pratiquent inconsciemment une forme d'autocensure vis-à-vis de l'institution.

Questionnant aussi le contexte d'acquisition de la fortune de la fondation, l'auteur nous fait un petit exposé des instruments utilisés par ses fondateurs pour s'assurer d'un montage fiscal bien rodé, où investissements et trust alimentent la fondation, qui soutient elle des entreprises du secteur de son choix, entreprises qui généreront à termes des bénéfices et des dividendes au profit de ses actionnaires...Lionel Astruc souligne ainsi la pénétration corrélée de la fondation Gates et de l'entreprise Microsoft en Afrique.

Au vu de sa puissance financière et des secteurs qui l'obsèdent, la fondation Gates bascule forcément du côté politique, sans aucune gouvernance ou évaluation de la stratégie qu'elle mène ; ce qu'illustre particulièrement bien les deux secteurs choisis par Astruc pour démontrer la mainmise de la fondation sur des sujets relevant de l'Etat : l'agriculture, et la santé.

On apprend donc sans surprise que la fondation se veut le chantre des semences hybrides et qu'elle promeut la protection industrielle via les brevets, et qu'elle soutient massivement des entreprises dont on doute la situation de nécessiteux : Cargill et DuPont...Sa stratégie va donc totalement à l'encontre de l'agroécologie.

Quant au secteur de la santé, Lionel Astruc donne l'intéressant exemple de l'obsession de la fondation pour la polio, déterminant de fait une priorité politique, et la hausse notoire de la rougeole dont le traitement est laissé pour compte. Ainsi, en ne se concentrant que sur une maladie, la fondation peut, par son contournement des systèmes de santé, contribuer à masquer par son action et sa couverture médiatique d'autres problèmes tout aussi importants.

Une lecture extrêmement instructive et mesurée, à lire !
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