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Critique de Dionysos89


Les éditions Aux forges de Vulcain sont peu connues, mais proposent des textes à mi-chemin entre la littératures blanche et les littératures de l'imaginaire, c'est ainsi le cas de la Nuit je vole, de Michèle Astrud, roman épris de réalisme magique.

Comme son titre l'indique, ce roman parle d'un personnage qui, la nuit, vole. Michèle fait cette découverte fortuitement, comme on s'en doute. Une nuit, elle vole et se réveille au sommet d'une montagne. Puis, un peu plus tard, elle se met à léviter. Bref, un grand pouvoir s'éveille en elle, elle n'en mesure pas tous les enjeux, son entourage, à commencer par son mari Guillaume, réagit étrangement et son moral s'en ressent. Point de départ puissant à un roman fantastique décevant.
La nuit je vole est un roman qui peine à cibler son but et pêche par trop de circonvolutions. Où veut aller l'autrice ? Certes, quand un roman des littératures de l'imaginaire semble inclassable (dans le trio classique science-fiction / fantasy / fantastique), cela peut être intéressant, mais ici nous sommes sur un imaginaire beaucoup trop réduit. Il y a ce vol somnambule oui, mais ensuite plus rien. On enchaîne les chapitres qui ne sont que des excuses pour placer des souvenirs plus ou moins oniriques de l'héroïne sur son enfance, sur ses grands-parents, sur les relations entre ses parents. Deux mentions d'imaginaire et puis plus grand-chose, c'est bien dommage : après le vol somnambule, il n'y a pas énormément de réactions, à peine l'héroïne est-elle chamboulée et tout le monde la trouve malade, mais rien de bien passionnant au fond ; ensuite, on ne fait que décrire à nouveau le quotidien soporifique et geignard des protagonistes.
Clairement, la difficulté est d'abord d'avoir de l'empathie envers l'héroïne et son conjoint. Se plaindre est tout à fait acceptable, peu importe la raison pourrait-on dire, mais ça ne fait pas forcément une intrigue. L'héroïne semble être un peu paranoïaque (ce qui peut être une approche, pourquoi pas), mais en même temps cela semble logique tant la société est peinte comme un ensemble de profiteurs de tous horizons (producteurs qui veulent monétiser sa prestation, médecins qui veulent l'étudier, fans qui finissent par être des jaloux constants, etc.). Toutefois, même dans ce contexte, on peut s'attendre à ce que les personnages restent cohérents, mais non, l'héroïne, par exemple, alterne les phases où elle veut fuir ses « fans » et celles où elle s'offusque qu'ils ne s'intéressent pas assez à elle. Même ses relations avec son conjoint finissent par paraître fausses ; d'ailleurs, comment accepte-t-elle qu'il lui parle aussi mal alors qu'elle se voit plutôt comme quelqu'un qui réussit dans la vie et qui est « entrepreneuse » ? Ce serait l'occasion de parler des considérations politiques et sociétales éculées qui émaillent le récit : les « entrepreneurs » qui se feraient tout seuls, les hommes qui seraient des protecteurs des femmes… Mais bon bref, vous sentez bien qu'en n'ayant pas adhéré au principe et aux personnages, la magie n'a pas opéré, ce coup-ci.

La vie, je vole est une déception, car sur un tel sujet, le lecteur aurait pu s'attendre à trouver plus d'imaginaire et moins de chronique de la vie quotidienne.

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